Le secteur privé en contraction : une mauvaise nouvelle pour le marché du travail, mais une aubaine pour Trump ?
Le rapport sur l'emploi du secteur privé publié par ADP en juin a surpris les économistes par ses chiffres décevants. Bien que certains experts estiment que ces données pourraient diverger des chiffres officiels attendus jeudi, elles indiquent un ralentissement du secteur privé, aligné avec la tendance récente de recrutement en baisse. Une contraction officielle pourrait inciter la Fed à réduire les taux plus tôt que prévu—une mesure que le président Donald Trump réclame depuis son arrivée à la Maison Blanche.
Selon ADP, le secteur privé a perdu 33 000 emplois en juin, un chiffre bien en dessous des prévisions des économistes. Il s'agit du niveau le plus bas depuis mars 2023. Le rapport officiel sur les emplois non agricoles, attendu jeudi, est anticipé à une hausse de 110 000 emplois selon les estimations de Dow Jones. Cependant, les données d'ADP pourraient conduire à une révision à la baisse de ces prévisions.
Jeffrey Roach, économiste en chef chez LPL Financial, souligne que le rapport ADP augmente la probabilité d'une surprise négative dans les chiffres officiels. Il prévoit un rapport plus faible que le consensus, ce qui pourrait pousser la Fed à effectuer trois baisses de taux cette année. Cette perspective contraste avec la position actuelle de la Fed, qui a choisi de maintenir les taux en raison des incertitudes du marché et des données robustes sur l'emploi.
Donald Trump a vivement critiqué cette décision, accusant la Fed de coûter des fortunes aux États-Unis en maintenant des taux élevés. Dans une lettre adressée au président de la Fed, Jerome Powell, Trump a exigé une baisse significative des taux. Powell, quant à lui, a réaffirmé que la Fed préfère attendre pour mieux évaluer l'impact des tarifs sur l'économie avant d'agir.
Nela Richardson, économiste en chef d'ADP, note que les licenciements restent rares, mais que la réticence à embaucher et à remplacer les départs a entraîné des pertes d'emplois. Cependant, certains économistes comme Oliver Allen de Pantheon Macroeconomics mettent en garde contre la fiabilité limitée des prévisions d'ADP, soulignant des erreurs passées importantes.
Malgré ces réserves, les données d'ADP reflètent une tendance plus large de ralentissement dans le secteur privé, notamment dans les services professionnels, la santé et l'éducation. Les petites entreprises sont les plus touchées, tandis que les grandes entreprises continuent de créer des emplois. Ce ralentissement s'inscrit dans une tendance observée depuis un an et demi, marquée par une baisse du volume des embauches plutôt que par une hausse des licenciements.
Bill Adams, économiste en chef de Comerica Bank, attribue ce ralentissement aux hausses de tarifs, aux conflits géopolitiques et aux incertitudes politiques. Il prévoit une croissance lente de l'emploi dans la seconde moitié de 2025, ce qui pourrait augmenter le taux de chômage et exercer une pression sur la Fed pour qu'elle baisse les taux. Cependant, la politique restrictive de Trump en matière d'immigration pourrait limiter cette hausse du chômage.
Mallory Vachon, économiste en chef de LaborIQ, souligne les contradictions du marché du travail, où la croissance des salaires persiste malgré le ralentissement des embauches. Cette situation met les entreprises sous pression, confrontées à une croissance économique plus faible et à la nécessité de maintenir des niveaux de rémunération attractifs.