Climat et élevage industriel : le fossé entre les ambitions et les financements
Un élevage porcin près de la rivière Toachi dans le nord-est de l'Équateur illustre le conflit entre les objectifs climatiques et les financements accordés aux fermes industrielles. Pour les communautés autochtones Tsáchila, ces rivières sont sacrées, sources de médecine traditionnelle et d'identité culturelle. Pourtant, depuis les années 1990, l'entreprise Proanaca y a développé des exploitations porcines massives, entraînant pollution des eaux, problèmes de santé et exode des populations locales. Malgré les plaintes répétées et les preuves de non-conformité aux normes environnementales, la Société financière internationale (SFI), branche de la Banque mondiale, a continué à financer Proanaca à hauteur de 170 millions de dollars. En 2024, de nouvelles preuves de pollution ont conduit à une plainte officielle auprès du mécanisme de recours de la SFI, toujours en cours d'évaluation. Ce cas reflète un problème global : les institutions financières internationales continuent d'investir massivement dans l'élevage industriel, malgré son incompatibilité avec les objectifs climatiques. Un rapport récent révèle que 75% des investissements dans l'agriculture animale en 2024 ont bénéficié à des fermes industrielles, contre seulement 244 millions pour des alternatives durables. Pourtant, le secteur agricole représente près d'un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les critiques soulignent l'urgence pour les banques de développement d'aligner leurs financements sur l'accord de Paris, en cessant de soutenir un modèle qui menace à la fois le climat, les écosystèmes locaux et les communautés vulnérables.