Vérification des faits : les allégations de Trump sur un « génocide » des fermiers blancs en Afrique du Sud sont-elles fondées ?
Le président américain Donald Trump a récemment accordé le statut de réfugié à 59 fermiers afrikaners blancs, affirmant qu'ils étaient victimes de confiscations de terres et d'un « génocide » en Afrique du Sud. Cette décision a suscité des critiques et des questions sur la véracité de ses déclarations.
Lors d'une conférence de presse le 12 mai, Trump a justifié sa décision en déclarant : « Parce qu'ils sont tués. Nous ne voulons pas voir des gens être tués. Mais c'est un génocide dont vous ne voulez pas parler. » Il a également accusé l'Afrique du Sud de confiscations de terres et de meurtres brutaux contre les fermiers blancs.
Ces affirmations ne sont pas nouvelles. Depuis 2018, Trump et certains de ses proches, comme l'homme d'affaires Elon Musk, ont propagé ce récit. Pourtant, les experts et les données officielles contredisent ces allégations.
Le gouvernement sud-africain a vivement réagi à l'ordre exécutif de Trump du 7 février, le qualifiant d'ironique car il favorise un groupe économiquement privilégié tandis que d'autres demandeurs d'asile vulnérables sont rejetés.
Selon les statistiques policières sud-africaines, sur les 27 494 meurtres enregistrés entre avril 2022 et mars 2023, seulement 51 ont eu lieu dans des fermes. Les experts soulignent que ces crimes sont principalement motivés par le vol et non par une volonté génocidaire.
Gareth Newham, de l'Institut d'études de sécurité en Afrique du Sud, affirme qu'il n'existe aucune preuve d'un génocide ou de violences ciblées contre les Afrikaners. « Si cela était le cas, nous serions les premiers à tirer la sonnette d'alarme », a-t-il déclaré.
Les Afrikaners, descendants des colons néerlandais et français, représentent environ 2,7 millions de personnes dans un pays majoritairement noir. L'Afrique du Sud a connu l'apartheid jusqu'au début des années 1990, un système qui a légué de profondes inégalités foncières.
Les données sur les meurtres en ferme sont incomplètes car la race des victimes n'est pas systématiquement enregistrée. Anthony Kaziboni, chercheur à l'Université de Johannesburg, note que si certains médias mentionnent la race des victimes, ces informations sont trop sporadiques pour étayer des conclusions générales.
Nechama Brodie, journaliste spécialisée, souligne que la couverture médiatique des meurtres en milieu rural est biaisée, donnant une image disproportionnée des risques encourus par les fermiers blancs. Les petits exploitants noirs, majoritaires, sont moins médiatisés.
La définition légale du génocide, établie par l'ONU en 1948, implique une intention de détruire un groupe ethnique, racial ou religieux. Les experts rejettent catégoriquement l'application de ce terme à la situation sud-africaine. « Il n'y a aucune preuve d'une campagne étatique pour éliminer les Afrikaners », explique Kaziboni.
En janvier, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a signé une loi autorisant l'expropriation de terres inutilisées, avec compensation dans la plupart des cas. Cette mesure vise à corriger les inégalités historiques, mais aucune confiscation massive n'a encore eu lieu.
En conclusion, bien que les fermiers blancs soient confrontés à des violences, les allégations de génocide et de confiscations systématiques de terres sont infondées. La situation doit être comprise dans le contexte plus large d'un pays marqué par une criminalité élevée et des inégalités persistantes.