Les États-Unis ne peuvent pas avoir une renaissance manufacturière sans innovation
Le président américain Donald Trump a promis une renaissance manufacturière à grande échelle aux États-Unis. Cependant, l'approche de son administration, caractérisée par des accords médiatiques, des coupes budgétaires profondes et une politique commerciale chaotique, sape activement les fondements de la compétitivité à long terme du pays.
Certes, certaines annonces semblent prometteuses. Texas Instruments investit 60 milliards de dollars dans des usines au Texas et en Utah, Nvidia prévoit une production de serveurs IA d'une valeur de 500 milliards de dollars, et TSMC a promis 165 milliards de dollars pour de nouvelles usines de puces en Arizona. Mais malgré ces investissements, les récentes décisions de l'administration Trump risquent de vider l'écosystème d'innovation, essentiel pour le succès futur.
Pour rivaliser avec la Chine, il ne suffit pas d'inaugurer des usines ou de contrôler les exportations. Il faut investir dans les fondamentaux du leadership technologique américain : recherche de pointe, talents qualifiés et capital confiant. Or, sur tous ces fronts, l'administration va dans la mauvaise direction.
L'avantage innovant des États-Unis repose sur la recherche scientifique en amont, source des percées qui alimentent de nouveaux produits et industries. Mais ce pipeline s'assèche. Dans les années 1960, Washington consacrait près de 2 % du PIB à la R&D civile, contre seulement 0,6 % aujourd'hui. Le budget proposé par Trump aggraverait cette tendance, avec des coupes drastiques dans les agences scientifiques, dont une réduction de 56 % pour la National Science Foundation.
L'innovation a aussi besoin de talents, et les États-Unis en manquent. Plus de la moitié des start-ups américaines valorisées à un milliard de dollars ont été fondées par des immigrants. Pourtant, l'administration restreint l'accès des étudiants étrangers aux universités et limite les visas pour les talents STEM. Ces mesures envoient un message négatif aux esprits brillants du monde entier, tandis que des pays comme le Canada ou la Chine en profitent pour attirer ces profils.
Enfin, le capital reste un gardien crucial. Construire une usine de puces de pointe coûte plus de 20 milliards de dollars et peut prendre dix ans pour devenir rentable. Mais les investisseurs hésitent dans un contexte d'incertitude économique exacerbée par les revirements de l'administration sur les tarifs douaniers et la renégociation du CHIPS Act.