L'Europe impose ses sanctions les plus sévères contre la Russie à ce jour, ciblant les secteurs bancaire et énergétique
L'Union européenne a approuvé vendredi un nouveau train de sanctions contre la Russie en raison de sa guerre en Ukraine, comprenant un plafonnement plus bas du prix du pétrole, une interdiction des transactions avec les gazoducs Nord Stream et le ciblage de navires supplémentaires de la flotte fantôme, a déclaré la chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas. "Le message est clair : l'Europe ne reculera pas dans son soutien à l'Ukraine. L'UE continuera d'augmenter la pression jusqu'à ce que la Russie mette fin à sa guerre", a déclaré Kallas dans un communiqué. Elle a qualifié ces mesures de "l'un des paquets de sanctions les plus forts contre la Russie à ce jour" lié à la guerre, qui entre maintenant dans sa quatrième année.
Ces sanctions interviennent alors que les pays européens commencent à acheter des armes américaines pour l'Ukraine afin d'aider le pays à mieux se défendre. La Commission européenne, l'exécutif de l'UE, avait proposé de réduire le plafond du prix du pétrole de 60 à 45 dollars, en dessous du prix du marché, pour cibler les importantes recettes énergétiques de la Russie. L'UE espérait impliquer les grandes puissances internationales du G7 dans ce plafonnement pour élargir son impact, mais les conflits au Moyen-Orient ont fait monter les prix du pétrole et l'administration Trump n'a pas pu être convaincue.
En 2023, les alliés occidentaux de l'Ukraine avaient limité les ventes de pétrole russe à 60 dollars le baril, mais ce plafond était largement symbolique car la plupart du pétrole brut de Moscou - sa principale source de revenus - coûtait moins cher que cela. Néanmoins, ce plafond servait de garde-fou en cas de hausse des prix. Les revenus pétroliers sont le pilier de l'économie russe, permettant au président Vladimir Poutine d'injecter des fonds dans les forces armées sans aggraver l'inflation pour la population et sans provoquer d'effondrement monétaire.
L'UE a également ciblé les gazoducs Nord Stream entre la Russie et l'Allemagne pour empêcher Poutine d'en tirer des revenus à l'avenir, notamment en décourageant les investisseurs potentiels. La raffinerie en Inde du géant énergétique russe Rosneft a également été touchée. Ces gazoducs, construits pour transporter du gaz naturel russe vers l'Allemagne, ne sont pas en service. Ils avaient été victimes de sabotages en 2022, mais l'origine des explosions sous-marines reste un mystère international.
Par ailleurs, les nouvelles sanctions de l'UE visent le secteur bancaire russe, dans le but de limiter la capacité du Kremlin à lever des fonds ou à effectuer des transactions financières. Deux banques chinoises ont été ajoutées à la liste. Depuis que Poutine a ordonné à ses troupes d'envahir l'Ukraine le 24 février 2022, l'UE a imposé plusieurs séries de sanctions à la Russie. Plus de 2 400 responsables et "entités" - souvent des agences gouvernementales, des banques, des entreprises ou des organisations - ont été frappés par des gels d'actifs et des interdictions de voyager.
Cependant, chaque nouveau train de sanctions devient plus difficile à adopter, car les mesures contre la Russie affectent également les économies des 27 États membres. La Slovaquie a bloqué le dernier paquet en raison de préoccupations concernant les propositions visant à couper les approvisionnements en gaz russe, dont elle dépend. La dernière série de sanctions de l'UE, imposée le 20 mai, ciblait près de 200 navires de la flotte fantôme russe contournant les sanctions. Les mesures de vendredi ont ajouté plus de 100 navires supplémentaires à cette liste.