Le Louvre ferme ses portes : le personnel en grève contre des conditions de travail 'insoutenables' et des foules record
Le Louvre, le musée le plus visité au monde, a fermé ses portes lundi après une grève spontanée de son personnel. Les employés protestent contre des foules ingérables, un sous-effectif chronique et des conditions de travail qualifiées d'"insoutenables" par les syndicats. Cette fermeture inattendue a laissé des milliers de visiteurs perplexes, ticket en main, sous la pyramide de verre de I.M. Pei. Le musée, symbole mondial de l'art et de la culture, fait face à une crise sans précédent liée au surtourisme. La grève a éclaté lors d'une réunion interne routinière lorsque les agents d'accueil, les contrôleurs de billets et le personnel de sécurité ont refusé de reprendre leur poste. Les travailleurs dénoncent des conditions devenues intenables : files d'attente interminables, salles bondées, et infrastructures vieillissantes. Le président Emmanuel Macron avait pourtant dévoilé en janvier un plan décennal de rénovation baptisé "Louvre Nouvelle Renaissance". Ce projet prévoit notamment une salle dédiée à la Joconde et une nouvelle entrée près de la Seine d'ici 2031. Mais pour le personnel sur le terrain, ces solutions semblent trop lointaines. "Nous ne pouvons pas attendre six ans", a déclaré Sarah Sefian du syndicat CGT-Culture. La Joconde, attraction phare du musée, cristallise les problèmes. Quelque 20 000 visiteurs se pressent quotidiennement dans la Salle des États pour un selfie avec le chef-d'œuvre de Léonard de Vinci, créant une cohue où les autres tableaux de maîtres passent inaperçus. Un rapport interne du Louvre a révélé des problèmes structurels graves : infiltrations d'eau, variations de température dangereuses pour les œuvres, et des installations sanitaires insuffisantes. Le musée, conçu pour accueillir 4 millions de visiteurs par an, en a reçu 8,7 millions l'an dernier. Même avec un plafond quotidien de 30 000 entrées, l'expérience de visite est décrite comme "une épreuve physique" par la présidente du Louvre Laurence des Cars. Les négociations entre la direction et les grévistes se poursuivaient en milieu d'après-midi, sans certitude sur une réouverture prochaine. Ce mouvement social intervient alors que de nombreux sites touristiques européens, de Venise à l'Acropole, luttent contre les effets du surtourisme.