Comment le Canada est devenu le havre le plus sûr dans la tempête du commerce mondial
Un rapport de la RBC révèle que le Canada bénéficie du taux tarifaire moyen le plus bas parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Alors que la guerre commerciale a éclaté en février dernier, le Canada semblait être l'un des pays les plus durement touchés par les tarifs douaniers américains. Mais en trois mois de volatilité intense, les menaces intermittentes se sont multipliées, le Canada a négocié des exemptions importantes et les données économiques ont résisté de manière remarquable.
Selon le rapport de Frances Donald, économiste en chef de la RBC, et Nathan Janzen, économiste en chef adjoint, le Canada fait désormais face au tarif douanier moyen effectif le plus bas parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis. « Bien que la voie économique du Canada reste semée d’embûches, elle semble nettement moins périlleuse qu’il y a quelques mois — une réalité qui n’a pas encore imprégné la psyché canadienne », ont-ils écrit.
La RBC a constaté que 86 % des produits exportés par le Canada vers les États-Unis en 2023 restent exonérés de droits de douane selon les règles actuelles. Les données du U.S. Census Bureau d’avril montrent que près de 90 % des exportations canadiennes vers les États-Unis étaient toujours exemptes de droits ce mois-là. « Le tarif douanier moyen effectif sur les importations américaines en provenance du Canada était de 2,3 % — en hausse significative par rapport à presque zéro en janvier — mais le plus bas parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis », ont souligné les auteurs.
Cependant, la guerre commerciale a tout de même causé des dommages. Les données de Statistique Canada publiées cette semaine révèlent une baisse record des ventes manufacturières depuis octobre 2023. Le taux de chômage a également continué d’augmenter pour atteindre 7 %, son niveau le plus élevé depuis 2016 hors période pandémique. Ces impacts se concentrent dans des régions sensibles au commerce comme le sud-ouest de l’Ontario.
Malgré cela, l’économie canadienne a globalement bien résisté. Les enquêtes sur le sentiment des consommateurs montrent une chute de confiance en mars, mais les dépenses réelles n’ont pas suivi cette tendance. Le marché du travail montre des signes de stabilisation, avec une relative constance dans les offres d’emploi sur des plateformes comme Indeed.com.
Le Canada dispose également d’une marge de manœuvre importante en matière de politiques fiscale et monétaire. La Banque du Canada a réduit son taux directeur de 225 points de base depuis l’an dernier. Bien que le gouverneur Tiff Macklem maintienne désormais les taux inchangés, la banque centrale a la capacité d’intervenir si nécessaire. Sur le plan fiscal, le gouvernement fédéral affiche des déficits élevés, mais les niveaux d’endettement restent parmi les plus bas des pays développés.
Un autre atout pour le Canada réside dans l’isolationnisme croissant des États-Unis, qui pousse les économies mondiales à diversifier leurs partenariats. Les ressources canadiennes — agriculture, énergie et minéraux critiques — sont bien positionnées pour répondre aux besoins de l’économie mondiale, notamment dans les secteurs de l’IA, des données et de la défense. « Cela représente une opportunité pour le Canada d’investir en lui-même et de répondre à cette demande », ont noté Donald et Janzen.
Le rapport de la RBC ne minimise pas les défis auxquels le Canada est confronté, mais il offre une réévaluation honnête de sa position actuelle après trois mois tumultueux dans le commerce mondial.