La folle odyssée de la noix de cajou : comment la mondialisation transforme un simple fruit à coque
La noix de cajou, modeste fruit à coque, incarne à elle seule les rouages complexes de la mondialisation. Son parcours, de l'arbre tropical aux étals des supermarchés occidentaux, dessine une route sinueuse à travers les continents. Plus de la moitié de la production mondiale provient d'Afrique, mais c'est en Asie qu'elle acquiert sa valeur ajoutée.
Les pays africains cultivent plus de 50% des noix de cajou mondiales, mais les exportent principalement à l'état brut. Le Vietnam s'est imposé comme le centre névralgique du décorticage et du tri, transformant ces noix brutes en amandes appétissantes. Cette spécialisation géographique crée des flux commerciaux transcontinentaux déroutants.
Le résultat final est stupéfiant : une noix croquée par un consommateur européen ou américain a souvent parcouru plus de 20 000 km. Ce périple épique, combinant technologie et main-d'œuvre bon marché, illustre l'absurdité parfois vertigineuse des chaînes d'approvisionnement globalisées. Chaque étape ajoute de la valeur, mais aussi des kilomètres au compteur carbone.
Ce reportage est extrait de la section Moyen-Orient et Afrique de l'édition imprimée de The Economist, parue le 14 juin 2025 sous le titre original 'The kernel of an idea'. Il s'insère dans une série d'articles explorant les paradoxes géopolitiques et économiques de la région.