Parlez Maintenant ou Taisez-vous à Jamais : Le Silence des Étudiants en Économie
Pendant 35 ans, j’ai enseigné l’économie à l’université. Lorsque j’expliquais la théorie de l’offre et de la demande, je décrivais comment une pénurie temporaire de biens entraînait une hausse des prix à court terme. Les profits excédentaires qui en résultaient attiraient de nouvelles entreprises dans le secteur, ramenant finalement les prix à leur niveau d’équilibre à long terme. Durant toutes ces années, je ne me souviens d’aucune objection. Personne n’a jamais levé la main pour dire : « C’est immoral, les entreprises ne devraient pas augmenter les prix en cas de pénurie ». Mais pourquoi ? Ce n’est pas comme si les étudiants n’avaient jamais été en désaccord avec moi sur d’autres sujets. Aujourd’hui, je regrette qu’ils ne m’aient pas contesté plus souvent. Il est évident qu’ils quittaient l’université sans croire réellement à ce qu’on leur enseignait. La plupart des Américains rejettent la flambée des prix. Beaucoup pensent que les importations nuisent à l’économie et que les exportations la stimulent. Près de la moitié de la population soutient les droits de douane. Sur de nombreux sujets, le public n’adopte pas la « pensée économique ». Je crois que les étudiants devraient remettre en question leurs professeurs bien plus souvent. Après tout, si l’université a un but (ce qui devient controversé à l’ère de l’IA), ce n’est pas de prendre des notes passivement, mais de challenger les idées reçues. Pourquoi autrement y aller ? On peut lire un manuel chez soi. Certains diront que c’est irréaliste, mais je sais que non. Durant mes études au Wisconsin, j’ai parfois contesté mes professeurs (une fois avec succès), et ils ont toujours respecté mes critiques. Cela m’attriste de penser aux millions d’étudiants qui, assis en cours d’économie, doutent silencieusement de ce qu’on leur enseigne. Je comprends un peu ce silence sur des sujets sensibles comme la politique identitaire, mais l’offre et la demande ? Aujourd’hui, je rencontre des quadragénaires aux idées erronées sur les prix ou le commerce international. S’ils avaient osé questionner leurs professeurs, ils auraient peut-être évité ces croyances. PS. Certains amphis sont trop grands pour des questions, mais mes classes comptaient environ 30 étudiants.