Coupes budgétaires de l'ère Trump dans les services météo du Kentucky : quel rôle dans le bilan meurtrier des tornades ?
Dans la nuit du 16 au 17 mai 2025, des tornades dévastatrices ont frappé le sud du Kentucky, faisant 19 morts. Alors que des posts sur les réseaux sociaux accusent les coupes budgétaires de l'administration Trump dans les services météorologiques, une enquête révèle une réalité plus nuancée : les alertes ont bien été émises, mais le manque de personnel a fragilisé le système.
Les tornades ont ravagé habitations et commerces dans plusieurs comtés du Kentucky. Le bilan humain s'élève à 19 victimes, selon les derniers rapports des services d'urgence. Immédiatement après la catastrophe, des publications virales sur Facebook, TikTok et X ont pointé du doigt l'initiative DOGE (Department of Government Efficiency) du gouvernement Trump.
Ces posts affirmaient que les réductions budgétaires imposées au National Weather Service (NWS) avaient désactivé les systèmes d'alerte aux tornades. Cependant, cette affirmation est contredite par les faits : des captures d'écran du Lexington Herald-Leader prouvent que les résidents ont bien reçu des SMS d'alerte avant l'arrivée des tornades.
Les sirènes d'alerte locales fonctionnaient également, comme l'ont confirmé plusieurs témoignages. Aucune preuve n'indique que ces dispositifs aient été désactivés par les coupes budgétaires. Pourtant, l'impact des réductions de personnel est bien réel, comme le révèlent plusieurs enquêtes journalistiques.
Trois bureaux du NWS dans le Kentucky souffraient de sous-effectifs chroniques. Celui de Jackson, chargé de la zone la plus durement touchée, figurait parmi au moins quatre bureaux régionaux privés de prévisionniste permanent de nuit en raison des coupes budgétaires. Des employés d'autres bureaux ont dû être dépêchés en renfort pour gérer la crise.
Le processus d'alerte aux tornades repose sur un système complexe. Le Storm Prediction Center (SPC) de Norman, dans l'Oklahoma, joue un rôle clé. Ses météorologues surveillent en permanence les conditions propices aux orages violents et aux tornades dans tout le pays.
Dès le 14 mai, le SPC avait identifié un risque accru (niveau 3/5) d'orages violents pour le 16-17 mai dans le sud de l'Illinois, l'Indiana et le nord du Kentucky. Le 15 mai, ce risque a été élevé à "modéré" (4/5) pour certaines zones incluant l'ouest du Kentucky.
Le 16 mai au matin, le SPC a publié une "Perspective Publique de Conditions Météorologiques Sévères", prévenant de vents destructeurs, de grêle géante et de plusieurs tornades potentielles. Ces informations ont été relayées par tous les canaux officiels : médias locaux, réseaux sociaux du NWS et applications météo.
Vers 19h16 (EST), le SPC a émis une veille de tornade (tornado watch) pour l'est du Kentucky. Plus tard, à 22h30, le bureau du NWS de Jackson a déclenché l'alerte tornade (tornado warning) pour les zones de Somerset, Ferguson et Burnside.
Cette alerte, constamment mise à jour jusqu'à 1h du matin, a été diffusée via tous les canaux d'urgence. À 23h08, les météorologues ont même ajouté une mention spéciale signalant une "situation mettant la vie en danger", alors que la tornade causait déjà des dégâts importants à Somerset.
Si le système d'alerte a fonctionné, les experts s'inquiètent des conséquences à long terme des coupes budgétaires. Comme le rappelle le New York Times, plusieurs anciens responsables du NWS avaient averti que ces réductions de personnel pourraient conduire à des pertes humaines.
La tempête du 16-17 mai a mis en lumière les limites d'un système fragilisé. Bien que les alertes aient été émises à temps, le manque de personnel permanent dans les bureaux locaux du NWS pose question sur la capacité à faire face à des crises simultanées ou prolongées.
Cette tragédie relance le débat sur l'importance des services publics de prévision météorologique. Alors que le changement climatique augmente la fréquence des phénomènes extrêmes, les choix budgétaires des années précédentes continuent d'avoir des conséquences tangibles sur la sécurité des populations.