À Arles, l'architecture construit des rêves : Entre Brésil photographique et modernisme méditerranéen
Cet été 2025, Arles vibre au rythme de deux expositions majeures qui célèbrent l'art sous toutes ses formes. D'un côté, "Construction, Reconstruction, Déconstruction" plonge dans le Brésil des années 1930-1960 grâce aux archives du Foto Cine Clube Bandeirante (FCCB). De l'autre, "E-1027+123" revisite l'histoire tumultueuse de la villa iconique d'Eileen Gray à travers l'objectif de Stéphane Couturier.
Le FCCB, collectif de photographes amateurs de São Paulo fondé en 1939, a joué un rôle clé dans l'évolution de la photographie brésilienne. Bien que méconnu internationalement, ce groupe a renouvelé le langage visuel durant l'âge d'or culturel du Brésil, aux côtés du Cinema Novo et de la Bossa Nova. Les commissaires Heloise Costa et Marcella Legrand Mare présentent 33 œuvres révélatrices, dont les clichés urbains de Thomaz Farkas et les compositions géométriques de José Yalenti.
À l'abbaye de Montmajour, l'exposition sur la villa E-1027 dévoile un chapitre passionnel de l'histoire architecturale. Conçue en 1929 par Eileen Gray et Jean Badovici (dont les initiales codent le nom de la villa), cette œuvre moderniste fut "vandalisée" par Le Corbusier qui y peignit des murales contre l'avis de Gray. Stéphane Couturier capture cette tension créative à travers des photographies où transparaît le dialogue forcé entre deux visions artistiques.
Les deux expositions, bien que distinctes, interrogent la notion de synthèse des arts. Elles témoignent de la puissance du langage visuel pour raconter des histoires culturelles complexes, qu'il s'agisse de l'identité photographique brésilienne ou des conflits d'ego dans l'architecture moderniste. Une invitation à voir au-delà des apparences.