Pourquoi la rétrospective de Gustave Caillebotte sur sa relation avec les hommes a-t-elle suscité une telle controverse en France ?
L'exposition phare de Gustave Caillebotte, qui a provoqué une vive polémique en France, ouvre ses portes à Chicago avec une différence majeure. Présentée à Paris comme une tentative américaine de « queeriser » l'artiste français, l'exposition explore les thèmes de la virilité et de l'homosocialité à travers ses œuvres. Le Musée d'Orsay et le Getty Museum ont initialement intitulé l'exposition « Gustave Caillebotte : Peindre les hommes », mais l'Art Institute of Chicago a opté pour le titre plus neutre « Gustave Caillebotte : Peindre son monde » jusqu'au 5 octobre. Gloria Groom, conservatrice de l'AIC, explique que ce changement a été décidé avant même l'ouverture parisienne, après qu'un groupe de discussion interne a jugé le titre original trop restrictif. Les réactions contrastées en France et aux États-Unis révèlent des sensibilités culturelles différentes. À Paris, des critiques d'art ont dénoncé une approche réductrice et américanisée, tandis qu'à Los Angeles, les analyses ont salué la subtilité des commissaires dans leur exploration des relations masculines. Les conservateurs, dont Paul Perrin du Musée d'Orsay et Scott Allan du Getty, ont été surpris par la virulence des critiques françaises, d'autant qu'ils n'ont jamais affirmé que Caillebotte avait des relations sexuelles avec des hommes. L'artiste, issu d'une famille aisée, a privilégié les sujets masculins dans ses œuvres, comme en témoignent « Les Raboteurs de parquet » (1875) et « Homme à sa toilette » (1884). Ces tableaux, décrits comme sensuels et politiques, ont suscité des interprétations variées, notamment sur la sexualité masculine. André Dombrowski et Jonathan Katz évoquent une « invitation à une lecture homoérotique », une analyse rejetée par des critiques français comme Harry Bellet. Philippe Lançon et Eric Biétry-Rivierre ont fustigé l'influence des « gender studies » américaines. Aux États-Unis, les réactions ont été plus nuancées, oscillant entre des lectures queer et des analyses ambiguës, comme celles de Christopher Knight et James Meyer. Ce dernier souligne la pertinence actuelle des œuvres de Caillebotte dans un contexte de remise en question des normes de genre. L'exposition, présentée à l'Art Institute of Chicago jusqu'au 5 octobre, invite à une réflexion approfondie sur l'art et la masculinité.