Cyclones tropicaux : un danger mortel pour les nourrissons dans les pays pauvres, révèle une étude
Une nouvelle étude publiée mercredi dans Science Advances révèle que les cyclones tropicaux augmentent significativement la mortalité infantile dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L'exposition à ces phénomènes météorologiques extrêmes pendant la grossesse ou la première année de vie serait associée à 4,4 décès supplémentaires pour 1 000 naissances vivantes.
L'étude, menée par des chercheurs de l'Université de Californie du Sud, a analysé les données de plus de 1,6 million de nourrissons dans sept pays particulièrement exposés : Madagascar, Inde, Bangladesh, Cambodge, Philippines, République dominicaine et Haïti. Parmi eux, 148 384 bébés ont été exposés à des cyclones tropicaux in utero ou durant leur première année.
Les résultats montrent des disparités importantes entre pays. Le Bangladesh, la République dominicaine et Haïti enregistrent les impacts les plus graves, avec une augmentation de 11% de la mortalité infantile. À l'inverse, l'Inde, pourtant très exposée, ne montre pas d'effet significatif, probablement grâce à de meilleurs systèmes de gestion des catastrophes.
Zachary Wagner, professeur associé et co-auteur de l'étude, explique que les tempêtes tropicales (catégorie la plus faible) ont l'impact le plus marqué en raison de leur fréquence élevée. Les cyclones de catégorie 1 et 2 montrent aussi un effet, bien que moins prononcé. Les méga-cyclones (catégorie 3+) sont trop rares pour permettre une analyse statistique fiable.
Cette recherche s'inscrit dans un contexte de changement climatique qui devrait intensifier la fréquence et la puissance des cyclones tropicaux. « Il n'y a aucune raison de penser que la situation va s'améliorer, mais toutes les raisons de croire qu'elle va empirer », avertit Wagner.
L'étude, financée en partie par le National Institute of Child Health and Human Development, compare l'impact des cyclones à celui des conflits armés sur la mortalité infantile. Si l'effet individuel est similaire, la fréquence plus élevée des conflits en fait un facteur de risque plus important globalement.
Les chercheurs soulignent l'urgence de mieux comprendre les mécanismes précis menant à ces décès (malnutrition, infections, accès aux soins...) pour développer des interventions ciblées. Ils envisagent d'étudier prochainement l'impact sur d'autres populations vulnérables, comme les personnes âgées aux États-Unis.
En conclusion, l'étude suggère que réduire la vulnérabilité de base, améliorer les infrastructures et les systèmes d'urgence pourrait atténuer l'impact des cyclones sur la mortalité infantile. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier les leviers d'action les plus efficaces dans ces contextes critiques.