L'Événement de Carrington de 1859 : La pire tempête géomagnétique de l'histoire – Un scénario catastrophe peut-il se reproduire ?
L'Événement de Carrington, survenu le 1er septembre 1859, reste la tempête géomagnétique la plus intense jamais enregistrée. Provoqué par une éruption solaire massive suivie d'éjections de masse coronale, il a perturbé les systèmes télégraphiques mondiaux et généré des aurores visibles près de l'équateur. Aujourd'hui, un tel événement endommagerait gravement les satellites, les réseaux électriques et les communications.
Richard Carrington, astronome amateur anglais, a observé une explosion lumineuse sur le Soleil ce jour-là. Selon son récit, cet « éclat singulier de lumière » dura cinq minutes. Cette tempête géomagnétique sans précédent a frappé la Terre en moins de 18 heures, saturant l'atmosphère de particules solaires et provoquant des dysfonctionnements technologiques.
Martin Connors, professeur d'astronomie à l'Université d'Athabasca, souligne le caractère exceptionnel de cet événement. Contrairement aux éruptions solaires classiques, celle-ci émettait une lumière visible, un phénomène rare. Les éjections de masse coronale associées ont projeté des milliards de tonnes de plasma magnétisé vers la Terre, déclenchant une tempête géomagnétique d'une violence inouïe.
À l'époque, seuls les opérateurs télégraphiques subirent directement les conséquences, avec des chocs électriques et des incendies. Mais aujourd'hui, notre société hyperconnectée serait bien plus vulnérable. « Nos systèmes électromagnétiques, fondements de la vie moderne, seraient gravement affectés », explique Connors.
Ces méga-éruptions solaires coïncident souvent avec le maximum solaire, phase du cycle de 11 ans où les taches solaires se multiplient. Bien que rares, des preuves archéologiques (cernes d'arbres, carottes glaciaires) révèlent des supertempêtes encore plus puissantes, comme l'événement Miyake du VIIIe siècle, dix fois plus intense que Carrington.
Des études estiment que des tempêtes solaires majeures surviennent tous les 400 à 2 400 ans. L'analyse d'étoiles similaires au Soleil suggère même des super-éruptions centenaires bien plus destructrices. « Statistiquement, nous pourrions en subir une dans les 100 prochaines années », avance prudemment Connors.
Les avis divergent sur la probabilité d'un nouvel Événement de Carrington : de 0,1 % à 25 %. L'incertitude persiste car « évaluer les phénomènes rares d'une seule étoile est complexe », reconnaît le scientifique. Une certitude demeure : avec notre dépendance technologique, l'impact serait catastrophique.
Depuis 1859, des tempêtes plus modestes ont frappé, comme celle de 1989 qui plongea le Québec dans le noir pendant neuf heures. En 2012, la Terre a évité de justesse une tempête équivalente à Carrington. Connors tempère cependant : « Ces événements sont rares. Inutile de perdre le sommeil, mais les autorités doivent anticiper. »