La crise de la natalité est bien pire que ce que vous croyez
La baisse rapide de la fécondité mondiale est une menace bien plus grave qu'annoncée. Les projections des Nations Unies, pourtant considérées comme référence, sous-estiment systématiquement l'ampleur du problème depuis dix ans.
Les pays riches vieillissants dépendent de moins en moins de travailleurs pour soutenir leur économie, condamnant les jeunes générations à un avenir de taxes plus élevées, de dettes accrues ou de retraites tardives. Les pays à revenu intermédiaire voient également leur natalité chuter, compromettant leur développement économique. Seuls les pays les plus pauvres continueront de croître démographiquement.
Jesús Fernández-Villaverde, macroéconomiste à l'Université de Pennsylvanie, a découvert que les naissances en Amérique latine s'effondrent bien plus vite que prévu. La Colombie a enregistré 445 000 naissances en 2024 contre 701 000 projetées par l'ONU. Le Chili affiche un taux de fécondité de seulement 1,03, bien en dessous du seuil de renouvellement (2,1).
Ce phénomène dépasse largement l'Amérique latine. La Pologne, l'Estonie, Cuba, l'Azerbaïdjan, le Sri Lanka et l'Égypte ont tous enregistré des chiffres bien inférieurs aux projections. Le modèle de l'ONU, qui prévoit systématiquement une stabilisation ou une remontée des taux, semble déconnecté de la réalité.
La Thaïlande illustre ce décalage. Alors que l'ONU prévoyait une remontée à 1,45 d'ici 2100, le taux réel était de 0,98 en 2024 et continue de baisser. Ces erreurs de projection équivalent à des millions de naissances qui n'auront jamais lieu.
Contrairement aux prévisions officielles (déclin à partir de 2084), Fernández-Villaverde estime que la population mondiale commencera à diminuer dès 2055. Les rares cas historiques de rebond (Biélorussie, Australie, France) ne se reproduisent plus aujourd'hui, où les taux atteignent des minima historiques.
Le cas du Japon, dont l'économie s'est effondrée avec des taux de 1,3 à 1,5, laisse présager un avenir sombre pour des pays comme la Colombie (1,06) ou le Chili (1,03). Sans correction des tendances actuelles, la croissance économique et les systèmes de retraite sont menacés à l'échelle mondiale.