Trump voulait fermer Radio Free Europe. L'UE lui tend une bouée de sauvetage
L'Union européenne a accordé une aide financière de plusieurs millions de dollars à Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) pour permettre à la station internationale de continuer à fonctionner, alors qu'elle se bat contre l'administration Trump pour obtenir des fonds déjà alloués par le Congrès américain. Steve Capus, président de RFE/RL, a exprimé sa gratitude pour ce soutien d'urgence depuis Bruxelles, où il rencontre des responsables européens. Il a souligné que la survie de Radio Liberty reste menacée tant que les 75 millions de dollars retenus par l'administration Trump ne sont pas débloqués.
Fondées dans les années 1950 pendant la Guerre froide pour contrer la propagande soviétique, Radio Free Europe et Radio Liberty ont fusionné par la suite. Le réseau fournit une couverture médiatique non idéologique à des pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale où la presse n'est pas libre. L'an dernier, plus de 47 millions d'utilisateurs uniques ont consulté ses contenus chaque semaine dans 23 pays, dont la Russie, l'Ukraine et l'Iran.
L'administration Trump a tenté de démanteler RFE/RL et ses réseaux sœurs comme Voice of America, les accusant de partialité et de diffuser des contenus anti-américains. Ces actions s'inscrivent dans une stratégie plus large visant à affaiblir financièrement et à réduire l'indépendance des médias. Parmi les mesures prises figurent des ordres exécutifs pour supprimer le financement fédéral de la radiodiffusion publique et démettre les membres du conseil d'administration de la Corporation for Public Broadcasting.
Kari Lake, conseillère principale du président Trump, a supervisé la résiliation des contrats de plus de 500 employés de Voice of America la semaine dernière. Une cour d'appel examine actuellement une plainte déposée par des journalistes et des syndicats qui estiment que ces actions violent la loi fédérale et la liberté d'expression. Le gouvernement américain a également suspendu les paiements mensuels à RFE/RL jusqu'à ce qu'un juge ordonne le déblocage de 12 millions de dollars.
Face à ces difficultés financières, RFE/RL a dû mettre en congé de nombreux employés, résilier des contrats avec des pigistes et réduire sa programmation. Lundi, le réseau a demandé une nouvelle injonction temporaire pour obtenir les paiements de ce mois-ci, ainsi qu'une injonction préliminaire pour recevoir les 75 millions de dollars alloués pour le reste de l'année fiscale.
Kaja Kallas, chef de la politique étrangère de l'UE, a annoncé une aide de 6,2 millions de dollars pour soutenir le travail essentiel de RFE/RL. Elle a précisé qu'il s'agissait d'un financement d'urgence à court terme destiné à préserver le journalisme indépendant du réseau. La Suède avait précédemment promis 2 millions de dollars, mais ces fonds ne sont pas encore arrivés.
Rick Stengel, ancien sous-secrétaire d'État à la diplomatie publique sous Barack Obama, souligne l'importance du travail de RFE/RL, notamment ses reportages sur la Russie et la Hongrie. Il suggère que cette crise pourrait conduire à un modèle de financement plus stable, associant contributions européennes et américaines, pour réduire la dépendance aux aléas politiques américains.