"J'ai l'impression d'avoir été manipulée - comme si ma vie d'avant la guerre n'avait jamais existé" : Le quotidien bouleversant d'une enseignante à Gaza
Hanya Aljamal, 28 ans, vit un cauchemar éveillé à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza. Deux ans plus tôt, cette enseignante d'anglais préparait un master aux États-Unis. Aujourd'hui, elle partage un minuscule appartement avec ses parents et cinq frères et sœurs adultes, survivant dans une zone de guerre depuis octobre 2023.
Chaque matin, Hanya observe son voisin septuagénaire cultiver son jardin malgré les ruines environnantes. "C'est la forme la plus pure de résistance", confie-t-elle à la BBC dans un journal audio. Son école a fermé, la privant de ses élèves et de son identité professionnelle.
La famille a dû déménager cinq fois depuis le début du conflit. Les nuits sont rythmées par les explosions et le bourdonnement des drones, qualifiés de "torture psychologique". Hanya travaille désormais pour une ONG, où elle assiste à des séances de thérapie pour enfants traumatisés.
Le manque de nourriture affecte sa santé. "Toute la population de Gaza vit sans protéines depuis trois mois", explique-t-elle. Lors de l'Aïd al-Adha, impossible de perpétuer la tradition du sacrifice - il n'y a plus d'animaux.
Hanya a perdu au moins dix proches, dont des élèves et un mentor universitaire. "Le deuil est un luxe que peu peuvent se permettre", murmure-t-elle, regardant le ciel - son seul refuge face à un paysage de cendres et de désolation.