Pologne-France : Vers une réconciliation prometteuse ?
Les relations entre la France et la Pologne, longtemps tendues, connaissent un tournant historique avec la signature d'un traité bilatéral à Nancy le 9 mai 2025. Ce texte, scellé par le Premier ministre polonais Donald Tusk et le président français Emmanuel Macron, ouvre une nouvelle ère de coopération dans les domaines stratégiques. Pourtant, l'élection présidentielle polonaise du 1er juin, remportée par le candidat soutenu par le PiS Karol Nawrocki, jette une ombre sur ce rapprochement.
Paris observe avec attention cette ambivalence polonaise. D'un côté, Varsovie renoue avec le "mainstream libéral européen". De l'autre, les électeurs envoient un message conservateur et eurosceptique. La France s'interroge : la Pologne peut-elle être un partenaire fiable pour Macron sur la scène européenne ?
Le traité de Nancy marque un jalon important dans l'histoire des deux pays. Il inclut une clause d'assistance mutuelle comparée à l'alliance d'avant-guerre contre l'Allemagne nazie. Ce type d'accord militaire bilatéral est rare en Europe - la France n'en a signé qu'un seul autre avec la Grèce en 2021.
Ce rapprochement intervient cependant tardivement. La Pologne est déjà devenue une puissance économique et militaire dans l'UE. Certains y voient un soutien partisan de Macron à la coalition civique de Tusk avant les élections présidentielles.
Le choix de Nancy n'est pas anodin. Ville symbole des liens historiques franco-polonais, elle incarne l'influence traditionnelle de la Pologne en France. Le timing coïncide avec la convergence des deux pays sur le soutien à l'Ukraine et la défense européenne.
Le traité couvre divers domaines : énergie nucléaire (avec des opportunités pour EDF et Orano), agriculture commune, défense. Mais des défis persistent : les échanges commerciaux restent faibles (la Pologne n'est que le 10e partenaire de la France), et le Triangle de Weimar doit être consolidé.
L'élection de Nawrocki, qualifié de "Trump polonais" par les médias français, complique la donne. Paris craint un retour aux tensions de l'ère PiS-Macron. Pourtant, les intérêts stratégiques des deux pays pourraient converger, notamment face à l'administration Trump et pour renforcer l'initiative ReARM.
Les prochains mois seront décisifs pour concrétiser "l'esprit de Nancy". Les désaccords sur les migrations, l'adhésion de l'Ukraine à l'UE et les rivalités politiques intérieures devront être surmontés. Si les promesses sont tenues, ce reset pourrait redéfinir l'équilibre des pouvoirs en Europe.