La réforme fiscale de Trump dans l'impasse : la crise de la dette américaine refait surface
La perte de la note de crédit parfaite des États-Unis vendredi dernier a relancé les tensions entre Républicains et Démocrates, chacun rejetant la faute sur l'autre. L'agence Moody's a justifié cette dégradation par des niveaux d'endettement problématiques dépassant largement les revenus gouvernementaux. Les législateurs des deux partis doivent maintenant agir pour améliorer la situation fiscale du pays, sous peine de subir une nouvelle dégradation encore plus douloureuse.
Pourtant, quelques jours plus tard, les Républicains de la Chambre des représentants ont voté pour faire avancer un vaste programme législatif qui, selon les estimations préliminaires du Comité pour un budget fédéral responsable, pourrait aggraver le déficit annuel de plus de 1 000 milliards de dollars d'ici 2034 par rapport à 2024. Ce projet, surnommé le "grand et beau projet de loi", est loin d'être adopté, car il doit encore surmonter de nombreux obstacles au Congrès.
Certains responsables de l'administration Trump affirment que ce projet, qui prévoit des réductions d'impôts de plusieurs milliers de milliards de dollars dépassant largement les coupes budgétaires, n'aggravera pas le déficit budgétaire national. Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche, a déclaré que les mesures incluses dans le projet de loi pour "réduire le gaspillage, la fraude et les abus" réduiraient le déficit de près d'un demi-point de PIB.
La dégradation par Moody's a cependant jeté une lumière crue sur la situation fiscale du pays. Michael Peterson, PDG de la Peter Peterson Foundation, a souligné que les États-Unis sont déjà sur la voie d'ajouter 22 000 milliards de dollars à leur dette actuelle de 36 000 milliards au cours de la prochaine décennie. Le projet de loi de Trump "ne ferait qu'accélérer le rythme d'emprunt", a-t-il averti.
Les investisseurs ont rapidement réagi à l'avertissement de Moody's. Les rendements des obligations américaines à 30 ans ont grimpé de plus d'un point de pourcentage, atteignant brièvement 5 % lundi. Cette hausse reflète une inquiétude croissante quant aux risques liés à la dette américaine, traditionnellement considérée comme l'actif le plus sûr.
Callie Cox, stratège en chef de Ritholtz Wealth Management, a qualifié cette hausse des rendements de "réveil" pour les législateurs. Ryan Sweet, économiste en chef d'Oxford Economics, estime quant à lui que la dégradation réduira probablement l'ampleur des réductions d'impôts proposées et retardera l'adoption du projet de loi.
Malgré ces obstacles, des responsables de l'administration Trump, dont Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national, restent optimistes quant à une adoption du texte d'ici le milieu de l'été. Cependant, avec la situation fiscale désormais sous les projecteurs, le chemin vers l'adoption finale s'annonce semé d'embûches.