Frappes américaines contre l'Iran : une menace pour l'économie mondiale déjà fragile
Les frappes américaines contre trois installations nucléaires majeures de l'Iran surviennent à un moment critique pour l'économie mondiale, dont les perspectives dépendent désormais de la réaction de la République islamique. La Banque mondiale, l'OCDE et le FMI ont tous revu à la baisse leurs prévisions de croissance globale ces derniers mois. Toute hausse significative des prix du pétrole ou du gaz naturel, ou perturbation des échanges due à une escalade du conflit, freinerait davantage l'économie mondiale.
Selon les analystes de Bloomberg Economics, dont Ziad Daoud, cette attaque risque d'intensifier le conflit, augmentant les risques de flambée des prix du pétrole et d'inflation. Ces tensions géopolitiques coïncident avec la possible expiration des pauses tarifaires imposées par l'ancien président Donald Trump.
L'impact économique majeur d'un conflit prolongé au Moyen-Orient se manifesterait par une envolée des prix du pétrole. Suite aux frappes américaines, un produit dérivé lié au pétrole brut a bondi de 8,8% sur les marchés. Le stratège Tony Sycamore prévoit une ouverture des contrats à terme sur le WTI autour de 80 dollars le baril.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié les attaques américaines d'"outrageuses" et promis des conséquences durables. L'Iran se réserve le droit de défendre sa souveraineté, conformément à la Charte de l'ONU. Dans le pire scénario, où le détroit d'Ormuz serait fermé, le pétrole pourrait dépasser 130 dollars le baril, poussant l'inflation américaine vers 4% et retardant les baisses de taux des banques centrales.
Environ 20% du pétrole mondial transite par le détroit d'Ormuz, situé entre l'Iran et ses voisins arabes. Bien que les États-Unis soient exportateurs nets de pétrole, des prix élevés aggraveraient leurs défis économiques. La Fed a déjà révisé à la baisse sa croissance prévue pour 2024, à 1,4%.
La Chine, principal importateur de pétrole iranien, serait directement touchée par toute perturbation, malgré ses réserves. Une fermeture du détroit d'Ormuz affecterait aussi le marché mondial du GNL, le Qatar y exportant 20% de ses livraisons sans alternative.
Malgré les craintes des investisseurs, l'OPEP+ dispose de capacités excédentaires, et l'Agence internationale de l'énergie pourrait libérer des réserves d'urgence. Pour Ben May d'Oxford Economics, ces tensions constituent un choc supplémentaire pour une économie mondiale déjà affaiblie, compliquant la tâche des banques centrales face à l'inflation.