Vibe Coding : Quatre mois déjà. Où en sommes-nous ?
Le Vibe Coding, un terme popularisé par Andrej Karpathy il y a quelques mois, représente un changement fondamental dans la manière dont nous envisageons le génie logiciel. Il s'agit de l'idée que l'IA peut générer du code de manière autonome, avec une intervention humaine minimale. Bien que les modèles de langage (LLMs) ne soient pas encore totalement indépendants, cette approche invite les développeurs à laisser l'IA travailler sans surveillance constante.
Selon Shubham Nigam, membre du Forbes Council, le Vibe Coding exige une confiance totale en l'IA, sans vérification ni modification immédiate du code généré. C'est une philosophie qui repose sur le lâcher-prise, comme le souligne Rhiannon Williams du MIT Technology Review : « Pour vraiment faire du Vibe Coding, il faut être prêt à laisser l'IA prendre le contrôle. »
Lors d'une table ronde organisée par Imagination in Action en avril, des experts ont partagé leurs points de vue. Artem Lukoianov d'Hyperskill a salué la justesse du terme : « Vous n'avez même pas besoin de lire le code produit. Vous donnez simplement une instruction, et l'IA génère une partie du code. » Aldo Pareja a ajouté : « Vous ne cherchez pas à comprendre le code, vous le ressentez. »
Zach Lloyd a évoqué les risques de cette approche, comparant l'IA à une épée à double tranchant. Bien qu'elle puisse résoudre des problèmes de manière « magique », l'ignorance totale du fonctionnement interne du code généré peut s'avérer dangereuse, notamment en production.
Heena Purohit a souligné les limites des LLMs, notamment leur difficulté à gérer les interactions complexes entre les composants d'un système. « Générer des millions de lignes de code en quelques secondes ne suffit pas. Il faut comprendre ce que fait le code pour le déboguer et l'adapter », a-t-elle expliqué.
Malgré ces défis, Lukoianov reste optimiste : « Les LLMs sont déjà capables de nous libérer de l'écriture manuelle de code. La clé réside dans la manière dont nous leur fournissons les bonnes informations et outils. » Il a comparé cette évolution à celle des années 1980, où les développeurs devaient maîtriser le matériel, alors qu'aujourd'hui, cette connaissance est moins cruciale.
Pareja a rappelé l'importance des compétences en développement full stack pour gérer les contraintes systémiques. « Si vous utilisez des outils pour synchroniser des millions de processus, votre système peut tomber en panne. Il faut comprendre ces limites », a-t-il averti.
En conclusion, bien que le Vibe Coding offre des possibilités révolutionnaires, il nécessite encore une supervision humaine. Les LLMs peuvent accomplir 80 % du travail, mais une méconnaissance totale du code généré comporte des risques. Pour l'instant, le développeur reste un maillon essentiel de la boucle. Le Vibe Coding est une innovation majeure, mais son adoption optimale demandera du temps et de l'expérimentation.