L'IA sans données : Quand l'artiste Terence Broad défie les limites du génératif
L'artiste Terence Broad a réussi à faire produire des images par une IA sans aucune donnée d'entraînement, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur la créativité artificielle. En piratant un réseau neuronal et en le bloquant dans une boucle récursive, Broad a créé des œuvres d'art abstraites en constante évolution, évoquant les peintures de Mark Rothko. Cette approche innovante remet en question les méthodes traditionnelles d'entraînement des IA génératives et soulève des questions éthiques sur l'utilisation des données.
Broad, ancien employé dans le domaine de l'apprentissage automatique, a été inspiré par son expérience professionnelle et une prise de conscience éthique. Après avoir travaillé sur des ensembles de données fastidieux, il a décidé de ne plus utiliser les œuvres d'autrui sans consentement, notamment après un conflit juridique avec Warner Bros. concernant une œuvre basée sur le film Blade Runner.
En 2018, Broad entame un doctorat à l'Université de Londres où il explore les réseaux antagonistes génératifs (GAN). Il remplace les données d'entraînement par un autre réseau générateur, créant ainsi une boucle d'imitation mutuelle. Malgré des débuts difficiles, l'ajout d'un terme de variance des couleurs a permis d'obtenir des images plus complexes et vibrantes.
Ses résultats, comparés à Rothko, sont en réalité le fruit d'une exploration des capacités créatives intrinsèques des réseaux neuronaux. Broad admet que le processus reste mystérieux, même pour les experts, et souligne que les IA génératives sont souvent perçues à tort comme des entités quasi-mystiques.
Son travail démythifie le fonctionnement des IA, révélant leur simplicité sous-jacente. À une époque où l'optimisme technologique côtoie les craintes apocalyptiques, Broad rappelle que ces systèmes ne sont que des multiplications matricielles, ouvrant la voie à une utilisation plus éthique et créative de l'IA générative.