Les réseaux sociaux ne sont plus sociaux : l'ère de la connexion déconnectée
Les plateformes sociales ont perdu leur essence première de connecter les gens, devenant des espaces de divertissement et de performance plutôt que d'échanges authentiques. Ce constat émerge alors que de plus en plus d'utilisateurs, dont l'auteure, peinent à répondre aux messages, tandis que les contenus professionnels submergent nos feeds. Mark Zuckerberg lui-même reconnaît ce virage, confirmé par les données de Meta montrant le déclin des interactions entre amis.
Dans les années 2010, l'auteure adolescente se précipitait sur Facebook pour échanger avec ses amis. Aujourd'hui, elle ignore les messages par épuisement numérique, illustrant une tendance générale où le « mauvais répondeur » n'est plus une exception mais un symptôme systémique. Lauren Geall évoque l'anxiété liée à la pression de répondre immédiatement, tandis que d'autres assument cette caractéristique comme une identité.
Kyle Chayka du New Yorker analyse comment Meta priorise désormais le divertissement et l'information plutôt que les liens interpersonnels. Les chiffres sont éloquents : le temps passé à voir des publications d'amis a chuté de 22% à 17% sur Facebook, et de 11% à 7% sur Instagram entre 2021 et 2023. Brian X Chen du NYT souligne que nos feeds sont envahis par des contenus professionnels et sponsorisés, éclipsant les partages personnels.
Cette transformation crée une paradoxale isolation sociale. La crainte de la surveillance professionnelle inhibe les publications spontanées, transformant les réseaux en vitrines soigneusement curatées. Le capitalisme tardif exacerbe ce phénomène : épuisés par des emplois exigeants, beaucoup n'ont plus l'énergie pour maintenir des liens en ligne.
L'auteure interroge alors le sens même des réseaux sociaux après avoir rencontré August Lamm, ex-influenceuse devenue critique technologique. Son témoignage révèle comment la dopamine des likes masquait une profonde détresse. Cela pousse à reconsidérer : pourquoi postons-nous ? Pour combler quel besoin ? Et à quel prix pour notre santé mentale et nos vraies relations ?
En conclusion, les réseaux sociaux contemporains fonctionnent comme des machines à clics plutôt que des espaces de connexion humaine. Entre l'essor des IA, la publicité omniprésente et la performativité sociale, ils contribuent à une crise de la communication authentique - tout en nous distrayant des interactions qui comptent vraiment.