Ados rebelles : ils disent non aux réseaux sociaux et oui aux téléphones à l'ancienne
Dans un skatepark de Mount Maunganui, en Nouvelle-Zélande, un groupe d'adolescents fait un choix radical : remplacer les smartphones par des téléphones basiques sans accès internet. Ces jeunes, dont Israel Cameron (16 ans), Isaac Reid (17 ans) et Connor Cummins (16 ans), préfèrent surfer et skater plutôt que de scroller sans fin sur les réseaux sociaux.
Leur décision intervient dans un contexte de débat croissant sur les dangers des écrans pour les jeunes. Le gouvernement néo-zélandais envisage d'ailleurs d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, suivant l'exemple controversé de l'Australie.
Israel utilise depuis 3-4 ans un vieux ZTE trouvé dans un tiroir de son père. Ses amis ont adopté des modèles similaires : Isaac a ajouté une carte SD pour écouter de la musique, tandis que Connor arbore un Nokia à clapet vintage. « On voyait tous nos potes le nez sur leur écran dans le bus scolaire », explique ce dernier.
Ces ados constituent une exception : 95% des Néo-Zélandais de 15+ utilisent les réseaux sociaux. Pourtant, leur choix leur permet de consacrer plus de temps à leur groupe de musique Go Getter et à leurs passions sportives.
Ari Taylor, 18 ans, partage cette philosophie. Ce lycéen d'Auckland refuse catégoriquement les réseaux sociaux : « Je pourrais devenir accro et arrêter de vivre l'instant présent ». Sa solution ? Un panier à l'entrée de sa maison où ses amis déposent leurs smartphones.
Le défi des 1000 dollars a scellé l'engagement du trio. Le père de Connor avait promis cette somme au dernier à résister aux smartphones... avant d'annuler le pari quand ils ont opté pour des téléphones basiques. « C'était une arnaque à notre avantage », rigole Israel.
Les parents jouent un rôle clé dans ces choix. Sam Cummins, le père de Connor, prône une « exposition progressive » plutôt qu'une interdiction pure. La famille Taylor applique quant à elle des limites de temps strictes sur toutes les applications.
Les experts sont partagés. Holly Brooker, spécialiste en sécurité en ligne, soutient l'idée d'un âge minimum mais insiste sur la nécessité d'éduquer les jeunes au contenu numérique. Claire Meehan, criminologue, met en garde contre les risques de collecte de données personnelles qu'impliquerait un tel contrôle d'âge.
Quant à l'avenir ? Israel envisage un smartphone à son départ de la maison, mais sans réseaux sociaux. Isaac veut garder son téléphone basique le plus longtemps possible. Connor, plus hésitant, craint de « tomber dans l'addiction comme avec une drogue ».
Ces adolescents prouvent qu'un autre rapport à la technologie est possible. Leur choix interroge : jusqu'où doit-on réglementer l'accès des jeunes aux réseaux sociaux ? La réponse semble se trouver à mi-chemin entre responsabilité parentale et cadre gouvernemental.