"Excusez-moi, mais c'est faux" : La sénatrice Maggie Hassan corrige la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem sur la définition de l'habeas corpus
La secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem a été vivement reprise mardi par la sénatrice démocrate Maggie Hassan après avoir donné une définition erronée de l'habeas corpus, présenté comme un droit permettant au président Donald Trump d'expulser les personnes en situation irrégulière aux États-Unis. L'échange tendu a eu lieu lors d'une audition devant la commission sénatoriale sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales, consacrée au budget 2026 du département de la Sécurité intérieure.
Interrogée par Hassan sur la définition de l'habeas corpus, Noem a répondu : "C'est un droit constitutionnel qui permet au président de retirer des personnes du pays et de suspendre leur droit à..." avant d'être immédiatement interrompue par la sénatrice du New Hampshire : "Permettez-moi de vous arrêter. C'est incorrect." Noem a alors tenté de se justifier en évoquant le président Lincoln.
En réalité, l'habeas corpus est un droit fondamental du processus judiciaire qui permet à tout Américain de contester son arrestation devant un juge. Ce droit a récemment fait l'actualité après que Stephen Miller, conseiller de Trump, a évoqué la possibilité d'y mettre fin pour les personnes en situation irrégulière, qualifiant leur présence d'"invasion".
Hassan a précisé : "L'habeas corpus est le principe juridique qui oblige le gouvernement à fournir une raison publique pour détenir et emprisonner des personnes. Sans cette protection, le gouvernement pourrait arrêter arbitrairement des citoyens américains et les maintenir en détention indéfiniment." Elle a ajouté : "C'est le droit fondamental qui distingue les sociétés libres comme l'Amérique des États policiers comme la Corée du Nord."
Lorsque Hassan a demandé à Noem si elle soutenait cette protection fondamentale, la secrétaire a répondu par l'affirmative tout en soulignant le pouvoir présidentiel de suspension. La sénatrice a immédiatement rectifié : "Cela n'a jamais été fait sans l'approbation du Congrès. Même Abraham Lincoln a obtenu une approbation rétroactive du Congrès."
Historiquement, les États-Unis n'ont suspendu l'habeas corpus que quatre fois : pendant la guerre civile, dans 11 comtés de Caroline du Sud pendant la Reconstruction, dans deux provinces des Philippines en 1905, et à Hawaï après l'attaque de Pearl Harbor en 1941.
Cet échange intervient dans un contexte politique tendu, quelques jours après que Trump a déclaré à NBC News ne pas savoir s'il devait respecter la Constitution américaine. Les propos de Miller et les déclarations de Noem soulèvent des inquiétudes quant à la protection des droits fondamentaux sous l'administration actuelle.
La séance s'est poursuivie avec d'autres questions sur les prérogatives présidentielles en matière de sécurité nationale, mais c'est cette confrontation sur les principes constitutionnels qui a marqué les esprits, illustrant les profondes divisions sur l'interprétation des droits fondamentaux aux États-Unis.