Israël : Smotrich menace de paralyser l'économie palestinienne en supprimant une dérogation bancaire cruciale
Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a annulé une dérogation essentielle pour les banques palestiniennes, quelques heures après que cinq gouvernements occidentaux aient imposé des sanctions contre lui et son collègue ministre Itamar Ben-Gvir pour incitation à la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée. Cette décision pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l'économie palestinienne, déjà fragile et dépendante du système bancaire israélien.
Dans un communiqué publié mardi, le bureau de Smotrich a déclaré que le ministre avait ordonné au Contrôleur général des comptes, Yali Rothenberg, de supprimer l'indemnité accordée aux banques correspondantes travaillant avec des banques opérant dans les territoires de l'Autorité palestinienne (AP). Le communiqué a directement lié cette décision aux efforts internationaux de l'AP pour s'opposer à l'établissement de colonies illégales dans les territoires occupés, qualifiés par le bureau de Smotrich de "campagne de délégitimation contre l'État d'Israël".
Cette mesure intervient peu après que l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Royaume-Uni aient annoncé des sanctions contre Smotrich et Ben-Gvir pour leur "incitation à la violence" envers les Palestiniens. Bien que ces sanctions ne soient pas directement liées à la décision de Smotrich visant l'AP, le ministre a une longue histoire de représailles contre les Palestiniens en réponse aux condamnations internationales de l'occupation israélienne.
Smotrich a déjà menacé d'établir de nouvelles colonies illégales en Cisjordanie occupée pour chaque pays reconnaissant un État palestinien. Il a également appelé à l'annexion de la Cisjordanie si la Cour internationale de Justice (CIJ) jugeait les colonies israéliennes illégales.
La suppression de cette dérogation pourrait plonger les Palestiniens dans une crise humanitaire, selon les avertissements de plusieurs acteurs internationaux. Les banques palestiniennes dépendent entièrement des banques israéliennes, car l'AP n'a pas de banque centrale ni de monnaie propre. La dérogation protège les banques israéliennes des poursuites potentielles liées aux transactions avec leurs homologues palestiniens.
Le gouvernement israélien a déjà été critiqué pour ses menaces répétées de supprimer cette dérogation. Janet Yellen, ancienne secrétaire au Trésor américain, avait mis en garde contre les conséquences humanitaires d'une telle décision. Les pays du G7 et l'ONU ont également exhorté Israël à maintenir le système financier palestinien.
Malgré ces pressions, les ministres d'extrême droite comme Smotrich et Ben-Gvir continuent de s'opposer à toute prolongation de la dérogation. Ben-Gvir, condamné dans le passé pour possession de matériel de propagande d'une organisation "terroriste", a qualifié l'AP d'entité à "faire tomber".
Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes en Cisjordanie occupée, où l'économie palestinienne a déjà subi de multiples chocs ces deux dernières années.