Tchétchénie, autrefois la région la plus instable de Russie, se prépare à une succession délicate
Pendant deux décennies, Ramzan Kadyrov a été le bras armé du Kremlin en Tchétchénie. En échange de sa répression brutale du mouvement indépendantiste, il a pu gouverner la région comme un fief personnel, éliminant rivaux, dissidents et séparatistes. Mais aujourd'hui, M. Kadyrov, 48 ans, semble gravement malade, posant un nouveau défi au président Vladimir Poutine dans cette région du sud de la Russie, théâtre de guerres meurtrières dans les années 1990 et 2000. Qui pourra maintenir le contrôle implacable qu'il a imposé dans le Caucase après son départ ?
Le plan de succession de M. Kadyrov pourrait reposer sur son fils de 17 ans, qui vient de se marier et a reçu les félicitations de M. Poutine. Cependant, cette option nécessiterait de contourner la loi russe exigeant que les dirigeants régionaux aient au moins 30 ans. D'autres prétendants au pouvoir émergent, dont un homme connu pour avoir persécuté des homosexuels et un autre parti combattre en Ukraine pour la Russie.
Au fil des ans, M. Kadyrov est devenu une figure unique dans l'autocratie poutinienne, bénéficiant de plus de latitude et de subventions que les autres dirigeants régionaux. Il dispose de sa propre armée et a imposé des règles islamiques strictes contraires à la législation russe. Il mène même une politique étrangère parallèle, cultivant des relations avec les monarchies du Golfe et prenant parfois des positions divergentes de celles du Kremlin.
La Tchétchénie a été la seule région exemptée de la mobilisation de 300 000 hommes après l'invasion de l'Ukraine en 2022. Selon des militants des droits humains et des habitants locaux, les autorités ont cependant envoyé certains Tchétchènes au front comme punition. Si M. Kadyrov a engagé des troupes au début du conflit, leur manque d'implication au combat leur a valu le surnom de « soldats TikTok ».