La nouvelle exigence odieuse de Trump pour la fonction publique : des serments de loyauté
La loi Hatch de 1939 interdit aux employés du gouvernement d'utiliser leur position pour s'engager dans des activités partisanes et interdit leur appartenance à toute organisation prônant le renversement des États-Unis. Au début de la guerre froide, le président Harry Truman a utilisé cette disposition pour autoriser des enquêtes sur la loyauté des employés fédéraux et imposer des serments de fidélité. Ce programme de loyauté, étendu aux États et aux organisations privées, a conduit au licenciement de nombreuses personnes innocentes ou anciennement affiliées au Parti communiste, portant atteinte aux libertés civiles. Aujourd'hui, la Maison Blanche de Trump réintroduit ces serments, mais avec une différence cruciale : il exige une loyauté envers sa personne plutôt qu'envers les États-Unis, violant ainsi la loi Hatch.
Le processus de recrutement pour un poste dans la fonction publique illustre cette dérive. Par exemple, le Bureau de la gestion et du budget (OMB) cherche un économiste. Les candidats doivent remplir un questionnaire bientôt enrichi d'une question sur leur engagement à soutenir les ordres exécutifs et les priorités politiques du président. Cette exigence, acceptable pour des nominations politiques, est inédite pour des fonctionnaires censés servir l'État de manière neutre.
Sous une présidence normale, les ordres exécutifs sont des directives pour les chefs d'agence, pas pour les fonctionnaires. Ces derniers les transforment en règles soumises à consultation publique avant d'acquérir force de loi. Mais Trump utilise souvent ces ordres pour imposer des caprices partisans, parfois inconstitutionnels, comme l'interdiction de reconnaître la citoyenneté des enfants nés sur le sol américain de parents non-citoyens.
Les conséquences sont graves. Les fonctionnaires sont placés dans une position intenable : choisir entre obéir à Trump ou respecter la Constitution et les décisions de la Cour suprême. Cette situation, combinée à des exigences de loyauté personnelle, risque de chasser les compétences et d'attirer les opportunistes, affaiblissant durablement la fonction publique. Comme le souligne l'auteur, même le programme de loyauté de Truman, pourtant critiquable, paraît presque vertueux en comparaison.