Un responsable poussé à réécrire un rapport de renseignement pour protéger Trump et Gabbard
De nouveaux emails révèlent comment un haut responsable des renseignements américains a ordonné la modification d'une analyse pour éviter qu'elle ne soit utilisée contre le président Trump et la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard. Joe Kent, chef de cabinet de Mme Gabbard, a explicitement demandé à des analystes de retravailler leur évaluation des liens entre le gouvernement vénézuélien et un gang criminel, afin de protéger l'administration de critiques potentielles.
Dans un email daté du 3 avril, M. Kent a insisté sur la nécessité de "réécrire" certaines parties du document et d'approfondir l'analyse pour qu'il ne puisse pas "être utilisé contre la DNI ou le POTUS". Ces termes désignent respectivement la directrice du renseignement national (Tulsi Gabbard) et le président des États-Unis (Donald Trump). Cette intervention fait suite à la publication par le New York Times d'informations sur les pressions exercées pour modifier une analyse du 26 février.
Le rapport initial contredisait en effet une déclaration ultérieure de M. Trump concernant les liens entre le Venezuela et le gang Tren de Aragua. Le président américain avait utilisé cette allégation pour justifier le transfert de présumés membres du gang vers une prison salvadorienne notoire, sans procédure régulière. Malgré les modifications demandées par M. Kent, la version finale du rapport, datée du 7 avril et depuis rendue publique, continue de contredire les affirmations clés de l'administration.
Les emails de M. Kent, qui est également le candidat de M. Trump pour diriger le Centre national de lutte contre le terrorisme, ont circulé au sein de la communauté du renseignement. Plusieurs sources familiarisées avec leur contenu ont confirmé ces informations au New York Times. Ces interventions ont suscité des inquiétudes internes quant à une possible politisation des analyses de renseignement.
Les défenseurs de M. Kent contestent toutefois cette interprétation, affirmant qu'il cherchait simplement à mieux refléter ce que la communauté du renseignement savait sur le gang. Selon eux, il ne s'agissait pas d'une campagne de pression, mais d'une tentative d'améliorer la précision analytique du document. Ces révélations s'inscrivent dans un contexte plus large de tensions entre l'administration Trump et les services de renseignement américains.
L'affaire soulève des questions fondamentales sur l'indépendance des analyses de renseignement et leur utilisation politique. Alors que la version finale du rapport a été publiée, les débats se poursuivent sur la légitimité des modifications demandées et leur impact sur l'intégrité du processus analytique.