La Floride peut-elle vraiment abolir les taxes foncières ? Un débat explosif sur la propriété privée
En mars, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a annoncé son soutien total à l'abolition des taxes foncières dans l'État. "Les contribuables ont besoin de soulagement", a-t-il déclaré, comparant ces taxes à un loyer perpétuel payé à l'État. Ce projet ambitieux soulève cependant d'importants défis budgétaires et juridiques.
Les taxes foncières génèrent actuellement 55 milliards de dollars annuels en Floride, finançant 73% des budgets scolaires. Leur suppression nécessiterait soit de nouvelles sources de revenus, soit des coupes drastiques dans les dépenses publiques. DeSantis propose notamment de compenser par les revenus touristiques.
Sur le plan juridique, l'abolition nécessiterait un amendement constitutionnel approuvé par 60% des électeurs, car ces taxes sont perçues par les gouvernements locaux. Or, même au sein du Parti républicain, des divisions apparaissent, certains élus s'opposant à cette réforme.
La Floride n'est pas le premier État à tenter cette réforme. Au moins cinq États à majorité républicaine ont échoué récemment, principalement en raison des déficits budgétaires que cela engendrerait. Par exemple, le Dakota du Nord a rejeté une mesure similaire par crainte pour le financement des écoles.
Entre 2019 et 2024, les taxes foncières ont augmenté de près de 50% en moyenne en Floride, avec des variations importantes selon les comtés. Combinées aux assurances propriété (en moyenne 4 419$/an), ces charges pèsent lourdement sur les propriétaires.
Le débat dépasse la simple question fiscale : il interroge philosophiquement la nature même de la propriété privée. Comme le souligne DeSantis, ces taxes remettent en cause l'idée qu'une propriété puisse être vraiment "libérée" de toute obligation envers l'État.
Malgré les obstacles, cette initiative marque un tournant dans le débat national sur la fiscalité immobilière. Elle met en lumière la croissance incontrôlée des budgets publics et leur dépendance à des taxes de plus en plus impopulaires.