Les accords commerciaux hors-États-Unis compensent l'impact des tarifs douaniers sur le Canada
Pour les investisseurs canadiens, la menace tarifaire reste au cœur des décisions d'investissement. Le Premier ministre Mark Carney a rencontré le président Trump le 6 mai, tout en minimisant les attentes de résultats concrets. L'objectif était de redéfinir les relations Canada/États-Unis tout en consolidant les partenariats commerciaux mondiaux du Canada avec des pays partageant les mêmes valeurs.
Cela implique l'élimination des barrières commerciales internes, l'expansion des échanges avec le Mexique, l'Asie et l'Union européenne, ainsi que la reprise des discussions sur un pipeline est-ouest. Les entreprises canadiennes, traditionnellement dépendantes du libre-échange avec les États-Unis, explorent désormais d'autres marchés, notamment grâce à l'Accord économique et commercial global (AECG) avec l'UE signé en 2016.
Les données commerciales de mars montrent une baisse des échanges avec les États-Unis, compensée par une hausse des exportations vers les Pays-Bas, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Les dirigeants européens, également confrontés à une guerre commerciale avec Trump, expriment leur soutien au Canada. Lors du salon de Hanovre, la chancelière allemande Olaf Scholz a déclaré: "Le Canada n'est pas un État fédéral d'un autre pays. C'est une nation fière et indépendante."
Certaines entreprises canadiennes, comme Canadian Pacific Kansas City Ltd., sont bien positionnées pour bénéficier de ce changement. Bien que ses actions aient été affectées par les tarifs, son réseau ferroviaire unique reliant le Canada au Mexique pourrait profiter de l'augmentation des échanges contournant les États-Unis.
Aux États-Unis, la politique tarifaire erratique de Trump place la Fed dans une position délicate. Lors de sa réunion du 7 mai, la Fed a maintenu ses taux inchangés, confrontée au dilemme entre lutter contre l'inflation persistante ou soutenir une croissance fragile. Les économistes s'interrogent sur la divergence entre les données d'emploi et la trajectoire du PIB, possiblement due à la réticence des entreprises à licencier dans un contexte de stratégie tarifaire imprévisible.
Selon le Wall Street Journal, les tarifs pourraient pousser la Fed à se concentrer sur la prévention d'une inflation durable plutôt que de stimuler l'économie par des baisses de taux anticipées. La réponse de la Fed dépendra de l'évolution du marché du travail et des dépenses des consommateurs. Richard Croft, fondateur de R.N. Croft Financial Group, souligne que cette situation inhabituelle ne permet pas de s'appuyer sur des précédents historiques pour guider les décisions politiques.