Santé mentale sous Trump : 3 points clés à surveiller dans son projet budgétaire
Le projet de budget 2026 du président Donald Trump, dévoilé début mai avec des coupes de 163 milliards de dollars, a surtout retenu l'attention pour ses réductions d'aide étrangère et son renforcement de la sécurité frontalière. Mais ce document révèle aussi des indices importants - bien que contradictoires - sur l'approche de l'administration concernant deux problèmes de santé publique urgents : la santé mentale et les addictions.
Aux États-Unis, environ 80 000 décès par overdose et près de 50 000 suicides sont enregistrés annuellement. Le projet Trump prévoit des réductions massives de plus de 22,6 milliards de dollars pour trois agences fédérales traitant ces questions, ainsi que la suppression de programmes de prévention. L'administration justifie ces mesures par une rationalisation des efforts, mais les professionnels de santé s'inquiètent d'une aggravation possible de la situation.
Il s'agit cependant d'un simple projet préliminaire, appelé « budget squelettique » au Capitole, qui ne couvre que les dépenses discrétionnaires annuelles. Le budget complet, incluant les programmes majeurs comme Medicare, sera présenté dans les mois à venir. Néanmoins, ce premier jet reflète les priorités de Trump, confirmées par ses actions récentes comme la réduction des effectifs de santé fédéraux.
Rodney Whitlock, consultant républicain expérimenté, souligne qu'« un budget squelettique doit être pris au sérieux car il révèle les intentions réelles de l'administration ». Deux semaines avant sa publication, un document préliminaire du Département de la Santé fuitait, montrant des coupes profondes et créant des contradictions avec la version officielle.
Premier point sensible : l'avenir incertain des programmes de prévention du suicide, dont la ligne d'urgence 988. Le budget propose 520 millions de dollars pour ce système, mais simultanément supprime plus d'un milliard à l'agence fédérale en charge (SAMHSA), notamment pour ses « programmes inefficaces » incluant justement la prévention du suicide.
Rachel Cauley, porte-parole du budget, affirme que 95 millions supplémentaires seront alloués à la prévention, mais ces chiffres ne figurent pas dans le document officiel. Les experts comme Paul Nestadt de Johns Hopkins alertent sur les conséquences désastreuses de ces coupes, alors que le taux de suicide a augmenté de 35% depuis 2000.
Deuxième inquiétude : la réduction des outils de lutte contre les overdoses. Le projet élimine le Centre de prévention des blessures du CDC, tout en qualifiant les programmes d'échange de seringues d'« activités dangereuses ». Pourtant, ces programmes ont prouvé leur efficacité contre les maladies infectieuses et permettent aussi de distribuer de la naloxone, un antidote aux overdoses.
Troisième point : les coupes dans la recherche sur les disparités raciales. La suppression de l'Institut sur les disparités sanitaires pourrait aggraver les inégalités face aux overdoses et suicides, qui progressent plus vite dans les communautés noires et amérindiennes. Ces populations nécessitent des approches spécifiques, comme le montre l'étude de Nestadt sur les suicides de jeunes Noirs.
La suite dépendra du Congrès. Certains républicains comme Susan Collins ont exprimé des objections, tandis que des démocrates comme Madeleine Dean défendent les programmes existants. Comme le rappelle Whitlock, « le Congrès aura toujours le dernier mot » sur le budget final, quelle que soit la volonté de l'administration Trump.