Contraception hormonale : Peut-on vraiment supprimer ses règles pendant des années sans danger ?
Les méthodes contraceptives hormonales ne servent pas seulement à éviter les grossesses – elles permettent aussi de supprimer les règles pendant des mois, voire des années. Cette pratique, appelée contraception en continu, consiste à prendre des pilules hormonales sans semaine de placebo ou à utiliser d'autres méthodes comme un implant, un anneau ou des injections sans interruption. Elle peut éliminer les saignements menstruels ainsi que les crampes, migraines et autres symptômes. Alors que les réseaux sociaux voient fleurir des conseils médicaux amateurs et des anecdotes personnelles, des inquiétudes sur la fertilité et les risques liés à la suppression des règles naturelles se propagent. Pour démêler le vrai du faux, nous avons interrogé le Dr Kavita Nanda, experte en santé reproductive.
Le Dr Nanda, gynécologue-obstétricienne et chercheuse pour l'ONG FHI 360, explique comment fonctionnent les contraceptifs hormonaux. Les méthodes combinées utilisent des formes synthétiques d'œstrogène et de progestérone pour empêcher l'ovulation, tandis que les méthodes à progestatif seul épaississent la glaire cervicale et amincissent la paroi utérine. Ces mécanismes préviennent la grossesse tout en permettant de supprimer les saignements menstruels.
La contraception en continu diffère de l'usage cyclique traditionnel où l'on prend des hormones pendant trois semaines suivies d'une semaine de pause ou de placebo. Sans cette interruption, la paroi utérine reste mince et intacte, évitant ainsi les saignements. Selon le Dr Nanda, des études montrent que cette méthode est aussi sûre et efficace que l'usage cyclique, sans nécessité médicale d'avoir des règles sous contraceptifs hormonaux.
Historiquement, les femmes passaient de longues périodes sans règles pendant les grossesses et l'allaitement. Aujourd'hui, l'absence de règles sans contraception hormonale peut signaler un problème nécessitant une consultation médicale. Les effets secondaires de la contraception en continu sont similaires à ceux de l'usage cyclique : nausées, sensibilité des seins ou maux de tête. Certaines personnes connaissent des saignements imprévus au début, mais ceux-ci diminuent généralement avec le temps.
Contrairement aux idées reçues, la contraception hormonale prolongée – qu'elle soit continue ou cyclique – ne cause pas d'infertilité. La fertilité revient généralement dans les mois suivant l'arrêt, sauf pour certaines méthodes comme l'injection Depo Provera où le retour à la fertilité peut prendre plus de temps. Les pilules placebo ont été introduites dans les années 1950 pour des raisons culturelles et stratégiques, afin de rassurer les utilisatrices et les médecins sur l'absence de grossesse.
Le choix d'utiliser la contraception en continu dépend des préférences personnelles et des discussions avec un professionnel de santé. Cette méthode peut particulièrement aider les personnes souffrant de règles douloureuses, d'endométriose, de migraines, d'anémie ou encore les personnes transgenres. Comme le souligne le Dr Nanda, il n'existe aucune raison médicale d'avoir ses règles sous contraception hormonale – la décision revient à chacune en fonction de ses besoins et de son confort.