Données alarmantes : l'IA supprime massivement des emplois humains
En mars dernier, le PDG de Shopify a instauré une nouvelle règle pour ses managers : avant de demander des embauches supplémentaires, ils doivent prouver que l'IA ne peut pas effectuer le travail aussi bien qu'un humain. Peu après, le CEO de Duolingo a annoncé une mesure similaire, allant jusqu'à remplacer progressivement ses sous-traitants par l'IA. Ces annonces reflètent une tendance générale : les employeurs réduisent leurs embauches à cause de l'IA.
Initialement, je pensais que l'impact de ChatGPT sur le marché du travail prendrait des années à se matérialiser. Mais les récents développements suggèrent que la révolution de l'IA est déjà en marche. Pour vérifier cette hypothèse, j'ai collaboré avec Revelio Labs, une plateforme d'analyse agrégeant des données massives sur l'emploi.
Zanele Munyikwa, économiste chez Revelio Labs, a analysé les descriptions de postes en ligne pour identifier les tâches que l'IA peut déjà accomplir. Ses conclusions sont frappantes : en trois ans, la part des tâches réalisables par l'IA dans les offres d'emploi a chuté de 19%. Cette baisse s'explique principalement par une réduction des embauches pour ces postes.
Les métiers les plus touchés? Ceux impliquant des fonctions techniques : administrateurs de bases de données, spécialistes IT, sécurité informatique et ingénieurs data. À l'inverse, les méthers les moins exposés sont ceux requérant une présence physique : gestionnaires de restaurant, contremaîtres et mécaniciens.
Cette tendance est confirmée par une étude de 2023 sur les freelancers dans les métiers de l'écriture. Après le lancement de ChatGPT, leurs opportunités sur Upwork ont chuté de 2%, avec une baisse de revenus mensuels de 5.2%. Les chercheurs concluent que l'IA générative réduit à court terme la demande pour les travailleurs du savoir.
Pourtant, Munyikwa reste prudente. Elle souligne que les capacités réelles de l'IA actuelle pourraient être surestimées par les employeurs. Certaines entreprises, comme Klarna, ont d'ailleurs revu leur stratégie après avoir constaté une baisse de qualité avec leurs solutions basées uniquement sur l'IA.
Le PDG de Klarna, Sebastian Siemiatkowski, reconnaît désormais l'importance du support humain. Cependant, malgré ce revirement partiel, il prévoit tout de même de réduire ses effectifs de 500 postes supplémentaires dans l'année à venir. Son cas illustre le dilemme auquel font face les entreprises : entre l'attrait des réductions de coûts par l'IA et la nécessité de maintenir la qualité.
Alors que les outils d'IA s'améliorent constamment, l'avenir des emplois de bureau semble incertain. L'enthousiasme des dirigeants pour réduire leurs effectifs humains reste fort, malgré les avertissements sur les limites actuelles de la technologie. La question n'est plus de savoir si l'IA va transformer le marché du travail, mais à quelle vitesse et avec quelle ampleur ce changement va se produire.