L'Ontario s'apprête à conclure des accords commerciaux avec l'Alberta, la Saskatchewan et l'Île-du-Prince-Édouard avant la réunion avec Carney
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, prévoit de signer des accords sur le commerce intérieur avec plusieurs autres provinces alors que les dirigeants se préparent à rencontrer le premier ministre lundi. Ces ententes visent à réduire les obstacles commerciaux entre l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et l'Île-du-Prince-Édouard avant la réunion des premiers ministres, qui portera sur l'accélération des grands projets d'infrastructure et la réduction des formalités administratives.
Les protocoles d'entente que M. Ford signera avec ses homologues sont les derniers accords non contraignants conclus entre l'Ontario et d'autres provinces pour éliminer les obstacles réglementaires qui entravent la circulation des biens et des travailleurs entre les juridictions. Les détails de ces protocoles n'ont pas encore été rendus publics. M. Ford tiendra une conférence de presse conjointe avec le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, dimanche après-midi.
Dans un contexte d'incertitude commerciale qui assombrit les perspectives économiques du Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux ont souligné l'urgence de renforcer l'indépendance économique du pays en stimulant le commerce intérieur, en améliorant les infrastructures et en misant sur le secteur des ressources naturelles. La réunion du premier ministre Mark Carney avec les premiers ministres lundi à Saskatoon devrait porter sur ces questions.
Le débat sur les projets à entreprendre dans l'intérêt national sera au cœur des discussions, tout comme la manière dont les gouvernements peuvent avancer en collaboration avec les communautés autochtones. Les premiers ministres ont soumis à M. Carney leurs listes de projets prioritaires, qui incluent des infrastructures pour accéder aux minéraux de la région du Cercle de feu dans le nord de l'Ontario, un pipeline transportant le pétrole de l'Alberta vers la côte ouest et un corridor commercial partant du port de Churchill au Manitoba.
La pression de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, en faveur d'un pipeline – et son argument selon lequel cela est directement lié aux questions d'unité nationale dans sa province – devrait dominer les discussions, tout comme ses appels à abandonner les politiques du précédent gouvernement libéral, notamment la loi C-69 sur l'évaluation environnementale. M. Ford a également exprimé son soutien à de nouveaux pipelines au Canada, tandis que le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a qualifié les demandes de l'Alberta de « prévisibles » et a souligné qu'aucune proposition concrète n'existe actuellement.
M. Carney a participé à une table ronde avec des dirigeants du secteur de l'énergie dimanche matin à Calgary avant la réunion des premiers ministres. Il a déclaré qu'il s'agissait d'un moment critique pour le pays et que l'impératif de faire du Canada une superpuissance énergétique n'avait jamais été aussi grand. Il a promis que le gouvernement fédéral ferait tout son possible pour soutenir ces partenariats.
M. Carney devrait informer les premiers ministres d'un projet de loi visant à supprimer les obstacles fédéraux au commerce intérieur et à accélérer les approbations pour les projets d'intérêt national, afin qu'ils soient approuvés dans un délai de deux ans. Ce projet de loi permettrait également au gouvernement fédéral de modifier les exigences réglementaires pour tous les projets jugés d'intérêt national.
Cependant, le projet de loi « Une économie canadienne » a suscité des critiques de la part des communautés autochtones, qui n'ont eu qu'une semaine pour donner leur avis. Elles craignent que cela ne porte atteinte à leur droit constitutionnel d'être consultées sur ces projets. Le chef de la Première Nation de Neskantaga, Gary Quisess, a exprimé son opposition totale à cette approche de « fast-tracking » qui ignore, selon lui, la juridiction et les droits autochtones.
Des représentants autochtones ont été invités à une réception privée dimanche avant la réunion des premiers ministres, mais le bureau du premier ministre n'a pas confirmé quels groupes seraient présents. La présidente du Conseil national des Métis, Victoria Pruden, a déclaré qu'elle n'avait pas été invitée à la réunion des premiers ministres mais avait reçu une invitation pour une réunion bilatérale préalable.
Des projets de loi provinciaux en Colombie-Britannique et en Ontario visant à accélérer les projets de ressources naturelles ont également été critiqués par les communautés autochtones, qui affirment ne pas avoir été consultées. En réponse, la Colombie-Britannique s'est engagée à inclure dans le règlement du projet de loi 15 une exigence d'approbation des Premières Nations concernées. L'Ontario, quant à lui, modifie son projet de loi pour réaffirmer son obligation constitutionnelle de consulter les Premières Nations.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a déclaré samedi qu'il comprenait les inquiétudes des Premières Nations et espérait regagner leur confiance pour avancer plus rapidement sur les projets. Il a également souligné son intention de se concentrer sur les points d'accord entre les premiers ministres, comme un corridor commercial traversant les provinces de l'Ouest. Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a insisté sur l'importance de prendre le temps de consulter les communautés autochtones pour assurer des bénéfices à long terme.