Dans un monde Trump sans règles, que peut encore faire Carney ?
Le Premier ministre Mark Carney a clairement indiqué que le président Donald Trump n'acceptera aucun accord limitant l'utilisation des tarifs douaniers, pierre angulaire de sa politique. Lawrence Herman, avocat international chez Herman & Associates et chercheur principal à l'Institut C.D. Howe de Toronto, souligne que les récentes déclarations de Carney sur les faibles chances d'un accord commercial bilatéral avec les États-Unis reflètent simplement la réalité. Bien que peu d'informations aient filtré sur les discussions commerciales, économiques et de sécurité entre le Canada et son voisin, Carney a précisé que Trump rejette tout accord restreignant son recours aux tarifs douaniers. Sous la présidence de Trump, qu'il s'agisse de commerce ou de politique internationale, aucune règle ou contrainte ne limite ses pouvoirs, que ce soit en vertu du droit américain ou des traités internationaux comme l'OMC ou l'ACEUM. Comme l'ont noté des observateurs, tout accord commercial dépend entièrement de la volonté de Trump. Cela a été illustré par ses récentes menaces, adressées par lettres à une douzaine de pays dont le Canada, annonçant des tarifs supplémentaires sur toutes les importations à partir du 1er août – 35 % pour le Canada. Ces lettres, presque identiques, avertissent les pays qu'ils subiront des tarifs s'ils ne délocalisent pas leurs activités manufacturières aux États-Unis. Carney a ajusté son discours, reconnaissant la faible probabilité d'un accord commercial sans tarifs avec les États-Unis. Pour comprendre les implications pour le Canada dans ce monde imprévisible dominé par les tarifs, on peut examiner l'exemple du Royaume-Uni, premier pays à avoir conclu un accord avec Trump. Cet accord, loin d'être favorable au Royaume-Uni, consiste essentiellement en une poignée de main : Trump accepte de réduire les tarifs américains si le Royaume-Uni se plie à ses exigences. La Commission britannique du commerce et des affaires a souligné que cet accord n'est pas un traité de libre-échange et manque de force juridique. Bien que le Premier ministre britannique Keir Starmer ait préservé la taxe sur les services numériques, d'autres aspects de l'accord montrent que le pouvoir réside dans le Bureau ovale. Par exemple, les États-Unis n'ont pas supprimé leurs droits de 25 % sur l'acier et l'aluminium britanniques, mais ont accepté un système de quotas tarifaires, sous condition que le Royaume-Uni garantisse la sécurité des chaînes d'approvisionnement. Cette situation expose le Royaume-Uni à des pressions constantes. Cet accord pourrait préfigurer ce qui attend le Canada dans les prochaines semaines, alors qu'il tente de négocier des accords sur l'acier, l'aluminium, les automobiles, le cuivre et d'autres secteurs, ainsi qu'un arrangement sur la sécurité et la défense, sans oublier la révision de l'ACEUM prévue l'année prochaine.