Kristi Noem, Secrétaire à la Sécurité intérieure, bute sur la définition de l'habeas corpus lors d'une audition au Sénat
Lors d'une audition au Sénat ce mardi 20 mai 2025, la Secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem a peiné à définir correctement l'habeas corpus, un droit constitutionnel fondamental. Interrogée par la sénatrice démocrate Maggie Hassan, Noem a décrit à tort ce principe comme "un droit que le président a de pouvoir expulser des personnes du pays", suscitant des inquiétudes sur sa compréhension des protections juridiques fondamentales.
L'échange tendu a commencé lorsque la sénatrice Hassan a demandé à Noem de clarifier sa position après que Stephen Miller, conseiller à la Maison Blanche, ait évoqué la possibilité de suspendre l'habeas corpus. Ce principe juridique, pierre angulaire du système américain, garantit qu'un détenu puisse contester la légalité de son arrestation devant un tribunal.
"C'est incorrect", a rectifié Hassan après la réponse erronée de Noem. La sénatrice a rappelé que l'habeas corpus empêche le gouvernement de détenir arbitrairement des individus sans justification publique. Elle a ensuite demandé à Noem si elle soutenait cette protection fondamentale, ce à quoi la Secrétaire a répondu de manière évasive.
Noem a affirmé soutenir l'habeas corpus tout en reconnaissant au président le pouvoir constitutionnel d'en décider la suspension. Cette position ambiguë a suscité de vives réactions parmi les sénateurs démocrates, particulièrement préoccupés par les déclarations récentes de l'administration Trump sur les expulsions massives.
Le président Trump a en effet critiqué à plusieurs reprises les protections du due process (procédure régulière), qu'il juge être un obstacle à sa politique d'expulsions. Son administration avait déjà tenté de contourner ces protections via l'Alien Enemies Act, mais les tribunaux, y compris la Cour suprême, ont maintenu ces droits fondamentaux.
Plus tard dans l'audition, le sénateur Andy Kim a testé les connaissances constitutionnelles de Noem en lui demandant d'identifier où se trouvait la "suspension clause" dans la Constitution. La Secrétaire a admis son ignorance, avant de citer correctement l'exemple historique de Lincoln pendant la Guerre civile.
Kim a cependant rappelé que les suspensions ultérieures de l'habeas corpus avaient toutes été autorisées par le Congrès, soulignant que ce pouvoir n'appartenait pas au président seul. Interrogée sur d'éventuelles discussions avec Stephen Miller ou Donald Trump sur ce sujet, Noem a nié tout contact, tout en maintenant que la Constitution permettait au président d'envisager une suspension.
Cette audition révèle les tensions croissantes entre l'administration Trump et les protections constitutionnelles, alors que des conseillers présidentiels explorent des moyens d'accélérer les expulsions. Les déclarations confuses de Noem sur un principe juridique aussi fondamental que l'habeas corpus risquent d'alimenter les critiques sur la compétence juridique des responsables de l'administration actuelle.