Un seul petit mot au travail m'a coûté mon emploi : Le prix de dire 'non'
Je regardais par les fenêtres panoramiques l'Hudson glacé, quelques jours avant les ralentissements des fêtes d'hiver. Dans cette pièce industrielle dépouillée, mes collègues et moi attendions, comme chaque décembre, l'annonce des coupes budgétaires. L'exécutif parlait froidement de rester 'lean et mean'. Puis vint le silence, suivi des licenciements. Un par un, les téléphones sonnaient. Le mien a toujours épargné, année après année, jusqu'à ce que je devienne l'ultime survivante d'une équipe éditoriale autrefois florissante.
Promue, surmenée, j'ai fini par craquer. 'C'est trop', ai-je plaidé. 'Arrêtez la négativité', ont-ils répondu. Après des années à pleurer dans les toilettes, j'ai démissionné. Un schéma qui s'est répété sur dix ans : embauche, promotion, épuisement, départ. Mes amis m'encensaient pour mon courage, ignorant mes crises de panique et ma perte de poids.
Un mariage accepté par incapacité à dire non a fini par imploser. La thérapie a révélé mon problème : l'absence totale de limites. J'ai appris à dire non - aux plans indésirables, aux familles toxiques, aux amis envahissants. Puis au travail : 'Non, je ne peux pas faire deux projets en un week-end.' Mon 'Je vais essayer' a cédé face à l'épuisement. Lundi, j'ai assumé mon échec. 'Inacceptable', a tranché ma boss. Licenciée le vendredi, j'ai pleuré ma honte avant de comprendre : cette défaite apparente était ma plus grande victoire.
Aujourd'hui, sans emploi traditionnel, je reconstruis une vie avec des limites. Mon livre est fini, mes amitiés réparées. Oui, c'est terrifiant. Non, je ne reculerai plus.