Le dernier revirement tarifaire de Trump prouve une fois de plus : il est néfaste pour les affaires
Vendredi matin, sans raison apparente, Donald Trump a publié une déclaration en ligne annonçant : "Je recommande un droit de douane de 50% sur l'Union européenne, à compter du 1er juin 2025". Le président n'a pas précisé à qui s'adressait cette "recommandation", et la Maison Blanche a indiqué à CNBC qu'il ne s'agissait pas nécessairement d'une déclaration politique formelle. Pourtant, cette annonce a semé la panique sur les marchés. Quelques heures plus tard, après des mois de discours sur son désir de conclure des accords commerciaux, le républicain a déclaré aux journalistes qu'il ne cherchait plus d'accord avec l'UE. Comme prévisible, deux jours après avoir annoncé ces tarifs douaniers, Trump a finalement déclaré les suspendre jusqu'en juillet suite à un entretien téléphonique avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Le nouvel objectif est désormais de conclure l'accord qu'il disait ne pas vouloir 48 heures plus tôt. Ce scénario n'est malheureusement pas isolé. Le Washington Post a récemment publié un rapport sur l'instabilité chronique de la Maison Blanche. Les économistes soulignent que le rythme des changements de politique tarifaire trumpienne est sans précédent : plus de 50 modifications depuis l'investiture du 20 janvier selon le décompte du Washington Post (environ 55 selon le cabinet d'avocats Reed Smith). Le New York Times a dressé une chronologie des tarifs douaniers "en constante évolution" de Trump, illustrant l'incapacité du président à maintenir une position cohérente plus de quelques jours. Au-delà de la confusion présidentielle, ce sont les entreprises américaines qui en paient le prix. Le Washington Post rapporte que les dirigeants d'entreprise réclament désespérément une "stabilité du marché". Le Wall Street Journal évoque des "appels paniqués de PDG" excédés par la politique commerciale erratique et les messages économiques contradictoires de Trump. Pourtant, le président semble indifférent. En mars, CNBC rapportait que Trump balayait les demandes de clarté des chefs d'entreprise : "Ils disent toujours ça. 'Nous voulons de la clarté'", a-t-il déclaré à Fox News. Bien sûr que les entreprises veulent de la clarté - c'est essentiel pour leurs activités. Mais Trump refuse catégoriquement de la leur fournir. Interrogé vendredi sur qui paierait ses tarifs douaniers, le président a répondu de façon évasive : "Parfois le pays absorbera, parfois ce sera Walmart, parfois il faudra payer un peu plus". Il a même suggéré que certaines entreprises réduisent leurs profits. Cette sortie rappelle cruellement que ceux qui voyaient en Trump le candidat "pro-business" en 2024 se trompaient lourdement. Le président dicte aujourd'hui aux entreprises américaines leurs marges bénéficiaires, leurs lieux de production, leurs pratiques d'embauche, leurs volumes de production, et même l'importance à accorder à la bourse. Un rapport d'Axios va jusqu'à affirmer : "Trump peut bien peindre la Chine comme l'ennemi, il emprunte de plus en plus à son manuel d'économie dirigiste". Ce n'est probablement pas ce qu'espéraient les soutiens corporatistes du républicain, mais c'est bien la réalité qu'ils subissent aujourd'hui.