Chine et Russie s'unissent pour construire une centrale nucléaire sur la Lune — une avancée qui pourrait distancer les États-Unis
La Russie a signé un accord avec la Chine pour construire une centrale nucléaire sur la Lune. Ce réacteur, destiné à alimenter la Station internationale de recherche lunaire (ILRS) dirigée conjointement par les deux pays, devrait être achevé d'ici 2036, selon un mémorandum de coopération signé récemment. Cette annonce intervient peu après que la NASA a révélé un projet de budget pour 2026 qui supprimerait les plans de l'agence pour une base lunaire orbitale.
Selon une interview de 2024 avec Yury Borisov, directeur général de l'agence spatiale russe Roscosmos, la construction du réacteur sino-russe se fera probablement de manière autonome, "sans présence humaine". Bien que les détails techniques restent flous, Borisov a affirmé que les étapes technologiques étaient "presque prêtes".
Dans un communiqué du 8 mai suivant la signature du mémorandum, Roscosmos a précisé que la station mènerait des recherches spatiales fondamentales et testerait des technologies pour des opérations lunaires non habitées à long terme, en vue d'une présence humaine future. Cette base lunaire permanente, située au pôle sud de la Lune, a déjà attiré 17 pays, dont l'Égypte, le Pakistan et l'Afrique du Sud.
Les fondations de l'ILRS seront posées par la mission chinoise Chang'e-8 en 2028, qui marquera le premier alunissage habité du pays. Le plan initial, dévoilé en juin 2021, prévoit l'envoi des éléments d'une base robotique via cinq lancements de fusées super-lourdes entre 2030 et 2035.
Lors d'une conférence en 2024, Wu Yanhua, concepteur en chef du projet d'exploration lunaire chinois, a annoncé des lancements supplémentaires pour étendre la base, la reliant à une station spatiale en orbite lunaire et à deux nœuds situés à l'équateur et sur la face cachée de la Lune. Ce modèle étendu, qui jettera les bases de missions habitées vers Mars, devrait être achevé d'ici 2050 et sera alimenté par des générateurs solaires, radioisotopes et nucléaires.
Cette collaboration spatiale sino-russe survient dans un contexte d'ambition croissante pour la Chine, qui a multiplié les missions lunaires et martiales depuis 2013. Elle fait face à la concurrence du programme américain Artemis, récemment retardé, dont la mission Artemis III (retour d'astronautes sur la Lune) est prévue pour 2027. Par ailleurs, le projet de station lunaire Gateway de la NASA, initialement prévu pour 2027, est remis en question par le budget 2026 proposé par l'administration Trump.