L'éthique de l'IA dans la photographie : Comment les photographes utilisent-ils cette technologie de manière responsable ?
L'intelligence artificielle (IA) suscite des débats passionnés dans le monde de la photographie. Certains photographes rejettent catégoriquement son utilisation, tandis que d'autres l'adoptent à condition de respecter des principes éthiques. Pour éclairer ce débat, nous avons interrogé sept photographes professionnels sur leur approche de l'IA. Voici leurs réflexions et conseils pour une utilisation responsable.
Les photographes s'accordent sur plusieurs points clés. Premièrement, il existe une différence fondamentale entre générer et créer. Deuxièmement, le photographe doit rester pleinement impliqué dans le processus créatif. Enfin, l'utilisation d'IA d'assistance est acceptable, à condition d'être transparent sur son emploi.
Amanda Powell, photographe expérimentée, distingue clairement la génération d'images de la création artistique. Pour elle, utiliser des outils comme le remplissage intelligent dans Photoshop reste éthique tant que le photographe conserve le contrôle créatif. Ces outils accélèrent simplement le processus sans remplacer la vision artistique.
Łukasz Spychała, photographe argentique primé, considère l'IA comme un moyen de rationaliser le post-traitement. Il souligne qu'un véritable créateur cherchera toujours à maîtriser le résultat final. L'IA permet d'obtenir en quelques secondes des effets qui demandaient auparavant des heures de travail.
Boris Eldagsen, artiste IA ayant remporté le Sony World Photography Award, insiste sur la nécessité de transparence. Il propose même de créer des catégories distinctes pour les images générées par IA. Pour lui, l'éthique repose sur trois piliers : transparence, respect de la paternité artistique et préservation de la créativité humaine.
Jaina Cipriano, photographe et réalisatrice, privilégie le travail manuel mais reconnaît l'utilité de l'IA pour les tâches techniques. Elle y voit un moyen de gagner du temps pour se concentrer sur les aspects créatifs, qui constituent selon elle l'essence même de son métier.
Anya Anti, photographe conceptuelle, utilise des outils comme le Generative Fill de Photoshop pour accélérer son workflow. Tout en reconnaissant les problèmes éthiques liés à l'IA, elle estime qu'utilisée comme simple outil, cette technologie peut stimuler la créativité.
Efraïm Baaijens, lauréat du Hasselblad Masters 2023, met en garde contre le remplacement de la vision artistique par l'IA. Pour lui, la photographie repose sur des choix humains intentionnels que la technologie ne peut reproduire. La transparence envers le public et les pairs est essentielle.
Thaddäus Biberauer, spécialiste des paysages urbains, considère que l'expérience directe du terrain est irremplaçable. S'il utilise l'IA pour la recherche, il refuse de l'employer pour générer des images, privilégiant l'honnêteté artistique.
L'IA est désormais incontournable dans l'industrie photographique. Les grands acteurs comme Adobe y investissent massivement. Comme le montrent ces témoignages, la clé réside dans une utilisation éthique et transparente, qui serve la créativité sans la remplacer. La technologie évolue constamment - ce qui compte, c'est comment et au profit de qui elle est employée.