Ce n'est pas une illusion : l'IA supprime déjà des emplois dans la tech
Depuis l'essor de l'IA générative, nombreux sont ceux qui redoutent son impact sur l'emploi. Aujourd'hui, les PDG reconnaissent ouvertement cette réalité et les licenciements se multiplient. Micha Kaufman, PDG de la plateforme freelance Fiverr, a adressé un mémo sans détour à ses 1 200 employés en avril : "L'IA va prendre vos emplois. Et même le mien", écrivait-il, qualifiant cette situation de "réveil brutal". Selon lui, l'IA rendra les tâches faciles triviales, les tâches difficiles accessibles, et les missions impossiles simplement ardues. Mais cette démocratisation technologique crée aussi une pression accrue sur les travailleurs.
Les jeunes développeurs peu expérimentés sont les premiers touchés. Ruyu Chen, chercheuse à Stanford, constate une baisse "légère" mais significative de l'emploi chez les développeurs juniors (18-25 ans) depuis 2022. Désormais, seuls les employés exceptionnels conservent un avantage concurrentiel. "Nous passons d'un recrutement de masse à un recrutement de précision", explique Chen, soulignant que les entreprises privilégient désormais les experts reconnus.
Plusieurs dirigeants tech ont récemment confirmé cette tendance. Dario Amodei (Anthropic) prédit que l'IA éliminera la moitié des emplois juniors en cols blancs d'ici cinq ans. Andy Jassy (Amazon) anticipe une réduction globale des effectifs. Tobi Lütke (Shopify) ne budgétise plus que les postes impossibles à automatiser. En mai, IBM a remplacé des centaines de RH par l'IA, tandis que Duolingo et Klarna ont drastiquement réduit leurs sous-traitants et effectifs respectifs.
Même Microsoft, malgré ses 9 000 licenciements récents, évite d'évoquer directement l'IA comme cause - tout en mettant en avant les économies générées par son adoption. Cette contradiction illustre le dilemme auquel font face les entreprises : moderniser leur fonctionnement tout en gérant l'impact social de ces transformations.