Activité Cérébrale Révélatrice : Le Lien Inconscient avec les Pensées Suicidaires chez les Anciens Combattants
Pour la première fois chez des anciens combattants, des chercheurs ont identifié des régions cérébrales activées lors d'associations subconscientes entre le soi et des concepts liés au suicide, grâce au Test d'Association Implicite du Suicide (S-IAT). Ces zones font partie de réseaux responsables du traitement de l'information relative au soi et à l'identification de stimuli importants, offrant ainsi des cibles potentielles pour de futurs traitements. L'étude, réalisée à l'aide d'IRMf, a révélé des schémas distincts d'activation cérébrale lorsque les participants associaient « moi » à « mort » par rapport à d'autres associations. Ces travaux approfondissent notre compréhension des mécanismes neuronaux sous-jacents au risque suicidaire et pourraient inspirer des interventions comme le neurofeedback ou la stimulation cérébrale.
Les Tests d'Association Implicite (IAT) sont des outils informatiques mesurant les liens subconscients entre différents concepts. Le S-IAT, une variante, évalue spécifiquement les associations entre le « soi » et des notions de mort/suicide. Bien que le S-IAT soit l'un des rares tests prédictifs du risque suicidaire futur, peu d'études avaient jusqu'ici exploré son corrélat neuronal. Cette recherche comble cette lacune en ciblant une population d'anciens combattants post-11 septembre à faible risque suicidaire.
Quarante-deux vétérans ont passé le S-IAT sous IRMf, une technique mesurant l'activité cérébrale via les variations du flux sanguin. Le test comprenait 20 mots-cibles répartis en quatre catégories : Mort, Vie, Moi, Pas Moi. Les participants devaient classer chaque mot selon deux options affichées à l'écran. Certains essais exigeaient d'associer « mort » et « moi » du même côté, révélant ainsi des liens implicites.
L'analyse a montré que les participants étaient plus lents à catégoriser les mots dans des contextes incongruents (mort-moi) que congruents (vie-moi), reflétant un conflit cognitif. L'IRMf a mis en évidence une activation accrue dans des régions comme le cortex occipital, pariétal postérieur et le cervelet lors des associations mort-moi, suggérant une mobilisation accrue de ressources cérébrales.
« Ce circuit cérébral pourrait devenir une cible thérapeutique innovante, explique Audreyana Jagger-Rickels, auteure principale. Des techniques comme le neurofeedback ou la stimulation cérébrale pourraient moduler son activité pour réduire le risque suicidaire. » Les chercheurs soulignent que le S-IAT, en captant une cognition spécifique au suicide, permet d'élucider non seulement les mécanismes neuronaux impliqués, mais aussi leur rôle dans l'émergence des comportements suicidaires.
Publiée dans Suicide and Life-Threatening Behavior, cette étude ouvre la voie à des interventions ciblées sur les circuits neuronaux identifiés, combinant potentiellement pharmacothérapie et approches technologiques. Elle marque une avancée majeure dans la compréhension des bases neurales du risque suicidaire, particulièrement chez les populations traumatisées.