La mort n'est pas l'extinction finale : les scientifiques découvrent un mystérieux 'troisième état' entre la vie et la décomposition
Une recherche révolutionnaire révèle que de nombreux gènes chez les souris, les poissons zèbres et les humains deviennent plus actifs après la mort clinique. Cela suggère que nous devons redéfinir la mort, car il ne s'agit pas d'un simple interrupteur. Au lieu de cela, les cellules entrent dans une sorte de zone crépusculaire lorsque l'organisme meurt. Ces découvertes soulèvent des questions profondes sur la conscience et le processus de la mort, tout en ouvrant de nouvelles perspectives médicales.
Tout a commencé par une conversation informelle entre deux biologistes, Peter Noble et Alex Pozhitkov, qui se demandaient ce qu'il advenait des gènes après la mort. Malgré le scepticisme général, leur persévérance a permis d'obtenir un financement de la prestigieuse Max Planck Society. Leurs expériences sur des souris et des poissons zèbres ont abouti à une découverte surprenante : environ un millier de gènes non seulement persistaient, mais devenaient plus actifs après la mort clinique, avec des pics d'activité allant de 30 minutes à 48 heures.
Ces gènes, surnommés 'thanatotranscriptome' en référence à Thanatos, le dieu grec de la mort, régulent des fonctions aussi variées que l'inflammation, la défense immunitaire, le développement embryonnaire et même le cancer. Noble en a conclu que la mort n'est pas un interrupteur biologique, mais plutôt une gradation, introduisant un 'état crépusculaire' entre la vie et la décomposition cellulaire complète.
Une étude de 2018 du Centre de régulation génomique de Barcelone a confirmé ces résultats en analysant plus de 7 000 échantillons d'ARN provenant de 540 donneurs humains décédés. Les chercheurs ont constaté que l'expression des gènes augmentait de manière dépendante des tissus, ce qui pourrait même aider à estimer l'heure du décès.
Ces découvertes pourraient marquer le début d'une renaissance dans notre compréhension de la mort. En 2019, des chercheurs de Yale ont utilisé le système BrainEx pour restaurer l'activité cellulaire et synaptique dans des cerveaux de porcs quatre heures après la mort, sans toutefois rétablir la conscience. Parallèlement, des chercheurs de l'Université du Michigan ont observé des sursauts d'activité électrique dans des cerveaux humains après un arrêt cardiaque.
Dans un article publié en 2024 dans BioEssays, Noble et Pozhitkov ont approfondi leurs recherches, suggérant que certaines cellules mourantes pourraient tenter de survivre, de se transformer ou même de former de nouvelles structures. Ils comparent ce processus à une embryogenèse inversée, où la mort donnerait naissance à la vie. Noble cite les travaux du biologiste Michael Levin sur les xénobots, des organismes multicellulaires formés à partir de cellules d'embryons de grenouilles, comme preuve de cette créativité cellulaire mystérieuse.