Les 4 règles de Daniel Dennett pour un débat constructif
Les arguments d'homme de paille simplifient ou déforment les opinions adverses, empêchant tout débat constructif. À l'inverse, les arguments d'homme d'acier représentent fidèlement et renforcent les positions opposées pour favoriser un échange productif. Socrate chez Platon et Daniel Dennett illustrent l'importance de cette approche en philosophie comme dans la vie quotidienne.
Un homme de paille consiste à caricaturer un argument pour le discréditer plus facilement. Par exemple, réduire le christianisme à "adorer un barbu dans le ciel" ou prétendre que les athées ne croient en rien sont des hommes de paille. Ces procédés, malhonnêtes, transforment le débat en combat où seule compte la victoire à tout prix.
L'homme d'acier propose une alternative vertueuse. Il s'agit de présenter la position adverse sous son meilleur jour, en vérifiant scrupuleusement sa formulation. Cette approche révèle souvent des nuances insoupçonnées et des points d'accord méconnus. La plupart des politiciens, par exemple, souhaitent améliorer la société - ils divergent simplement sur les méthodes.
Dans son livre de 2013 "Intuition Pumps", Daniel Dennett énonce quatre règles pour un bon débat philosophique : 1) Reformuler la position adverse avec une telle clarté que l'interlocuteur s'en émerveille 2) Lister les points d'accord 3) Reconnaître ce qu'on a appris de l'autre 4) Ce n'est qu'alors qu'on peut critiquer. Cela n'implique pas de renoncer à ses convictions, mais de combattre les vraies idées adverses.
Socrate pratiquait déjà cette méthode dans les dialogues platoniciens. Dans "Gorgias" ou "La République", il renforce les thèses de ses interlocuteurs avant d'en révéler les faiblesses. Loin des joutes médiatiques contemporaines axées sur les effets d'annonce, cette approche privilégie la compréhension approfondie avant la contradiction.
Bien que les dialogues de Platon soient des reconstructions littéraires, ils témoignent d'une qualité de débat aujourd'hui perdue. Le phénomène de l'homme de paille persistera toujours, des agoras grecques aux débats télévisés. Mais nous pouvons réintroduire l'homme d'acier dans nos conversations quotidiennes. Comme l'ont montré Platon et Dennett, un vrai débat doit être envisagé comme une occasion de progresser, pas d'écraser l'adversaire.