Boeing échappe à des poursuites judiciaires après les crashes mortels du 737 Max : un accord controversé avec le ministère de la Justice
Boeing et le ministère américain de la Justice ont conclu un accord permettant au constructeur aéronautique d'échapper à des poursuites pénales pour fraude liée aux deux crashes du 737 Max ayant fait 346 morts. Cet accord, annoncé vendredi, met fin à des années de bataille judiciaire tout en suscitant la colère des familles des victimes qui réclamaient davantage de responsabilités.
L'accord de non-poursuite permet à Boeing, important fournisseur militaire et premier exportateur américain, d'éviter le statut de criminel. Le groupe ne sera pas jugé comme prévu le mois prochain, malgré les demandes répétées des familles. Le ministère a rencontré ces dernières la semaine dernière pour discuter de l'éventuel arrangement.
Dans un dossier déposé vendredi au tribunal fédéral du Texas, le ministère estime que cet accord constitue 'une résolution juste et équitable servant l'intérêt public'. Il garantit 'une responsabilité accrue et des avantages substantiels de la part de Boeing immédiatement, tout en évitant l'incertitude et les risques d'un procès'.
Boeing devra 'payer ou investir' plus de 1,1 milliard de dollars, incluant une amende pénale de 487,2 millions (dont 243,6 millions déjà payés), 444,5 millions pour un fonds aux victimes et 445 millions pour des programmes de conformité et sécurité. Le constructeur a refusé de commenter.
Les deux crashes - Lion Air en octobre 2018 et Ethiopian Airlines cinq mois plus tard - avaient conduit à l'immobilisation mondiale des Max pendant près de deux ans, avantageant Airbus. Les familles dénoncent depuis des arrangements trop cléments et réclament des poursuites contre les dirigeants.
En 2022, un ancien pilote en chef de Boeing avait été acquitté de fraude liée au développement du Max. Des messages révélés lors de l'enquête montraient qu'il avait demandé à la FAA de supprimer le système MCAS des manuels, se vantant d'avoir 'trompé' les régulateurs.
Plusieurs familles ont immédiatement condamné l'accord via leur avocat Paul Cassell, le qualifiant de 'sans précédent et manifestement injuste pour le crime d'entreprise le plus meurtrier de l'histoire américaine'. Elles comptent convaincre le tribunal de le rejeter.
Le ministère précise que plus de 110 familles soutiennent l'accord ou les efforts pour régler l'affaire sans procès, mais d'autres veulent un procès et tenteront d'annuler l'arrangement. En 2021, Boeing avait payé 2,51 milliards dans un précédent accord expiré en janvier 2024, peu après l'incident de l'Alaska Airlines.
En juillet 2023, Boeing avait plaidé coupable à la fraude dans un nouvel accord rejeté par un juge. Le groupe fait toujours face à des allégations de violation des lois antifraude et de manquement à ses engagements de conformité.