Tarifs douaniers à 500% sur les pays commerçant avec la Russie : une mesure qui se retournera contre les États-Unis
Le projet de loi du sénateur Lindsey Graham, intitulé « Sanctioning Russia Act », propose d'imposer des tarifs douaniers minimums de 500% sur les pays commerçant avec la Russie. Cette mesure, analysée comme un embargo déguisé, pourrait provoquer une catastrophe économique sans précédent aux États-Unis, tout en fragilisant leurs alliances stratégiques.
Le texte législatif, présenté le 21 mai 2025, s'inscrit dans le contexte du conflit russo-ukrainien qui entre dans sa quatrième année. L'establishment de la politique étrangère américaine considère Moscou comme un ennemi permanent et cherche à intensifier les mesures punitives si la Russie refuse de négocier la paix avec l'Ukraine.
La disposition la plus radicale du projet obligerait le président américain à imposer des droits de douane de 500% sur tous les biens et services importés des pays commerçant avec la Russie dans les secteurs pétroliers, gaziers et pétrochimiques. Ces tarifs pourraient augmenter de 500% supplémentaires tous les 90 jours, atteignant potentiellement 1000% en quelques mois.
Malgré les 16 000 sanctions déjà imposées à la Russie depuis 2022, y compris le gel de ses actifs souverains, aucune de ces mesures n'a réussi à modifier les objectifs stratégiques de Moscou en Ukraine. Le Kremlin considère le maintien de son influence sur l'Ukraine comme un intérêt de sécurité nationale vital, notamment pour empêcher son adhésion à l'OTAN.
Ironiquement, les États-Unis seraient les premiers touchés par ces nouvelles sanctions. En 2024, le pays a importé pour 624 millions de dollars d'uranium enrichi et de plutonium directement de Russie. De plus, du pétrole russe arrive indirectement via des pays tiers qui le revendent après l'avoir acheté à Moscou.
Les alliés clés des États-Unis seraient également gravement affectés. Israël (10,6 millions de dollars d'importations de plastiques russes en 2024), Taïwan (principal consommateur de naphta russe) ou le Japon (3,6 millions de dollars de GNL) subiraient des conséquences disproportionnées. L'Union européenne, malgré ses déclarations anti-russes, a augmenté ses importations de GNL russe de 19,3% en 2024.
Sur le plan stratégique, cette mesure isolerait les États-Unis au moment où ils ont besoin de renforcer leurs alliances face à des défis mondiaux, notamment la montée en puissance de la Chine. Elle affaiblirait également le dollar et augmenterait les prix pour les consommateurs américains.
Plutôt que de favoriser la paix en Ukraine, cette législation risquerait de pousser les alliés américains vers d'autres partenaires commerciaux, notamment la Chine. Le sénateur Rand Paul, auteur de cette analyse, estime que le Congrès devrait rejeter ce projet de loi contre-productif et privilégier des négociations de paix réalistes en Ukraine.
En conclusion, le « Sanctioning Russia Act » illustre la tendance de Washington à aggraver les situations par des mesures mal conçues. Comme le souligne le sénateur Paul, cette loi reviendrait à « se couper le nez pour faire dépit à son visage », nuisant davantage aux intérêts américains qu'à ceux de la Russie.