Sharenting : masquer le visage des enfants sur les réseaux sociaux les protège-t-il vraiment ?
La tendance à placer un emoji sur le visage des enfants lors de leur publication en ligne, initiée par des célébrités comme Gigi Hadid et Mark Zuckerberg, s'est généralisée parmi les parents. Mais cette pratique, censée protéger leur vie privée, pourrait n'être qu'une illusion de sécurité, selon des experts.
Entre les parents qui partagent chaque instant de la vie de leurs enfants et ceux qui les excluent totalement des réseaux sociaux, beaucoup optent pour un compromis : masquer leur visage avec un emoji. Cette solution permet de partager des moments du quotidien tout en préservant les enfants des dangers potentiels d'Internet.
Cependant, cette méthode est qualifiée de « théâtre de la sécurité » par certains spécialistes. Bien que les emojis empêchent les robots d'indexation de capturer les visages, ils n'offrent qu'une protection limitée. Les multiples publications révèlent souvent des détails comme l'école ou le lieu de résidence, permettant de reconstituer un profil détaillé de l'enfant.
Pour Lauryn Higgins du Huffington Post, dans un monde où chaque publication devient permanente et exploitable, cette prudence est peut-être justifiée. Joanne Orlando, chercheuse en bien-être numérique, souligne que masquer le visage évite aussi son utilisation par l'IA générative pour créer des images non désirées.
Pourtant, la cybersécurité Lisa Ventura estime que les craintes d'une reconstruction faciale par IA à partir de photos masquées sont exagérées. Le vrai risque réside dans l'accumulation d'informations personnelles sur les enfants au fil des publications.
Rebecca Reid, journaliste, a choisi de ne presque rien partager de sa fille, préférant protéger son anonymat. Elle estime que son enfance ne doit pas être exploitée pour divertir des inconnus en ligne. Sa priorité est de limiter son empreinte numérique jusqu'à ce qu'elle puisse décider elle-même.
En définitive, le débat sur le partage des photos d'enfants reste complexe, entre protection de la vie privée et désir de partage parental. La solution idéale n'existe pas, mais une chose est sûre : les emojis ne suffisent pas à garantir une réelle sécurité.