Un transfuge nord-coréen dévoile les rouages d'une escroquerie informatique infiltrant les entreprises du Fortune 500 : 'Ils ignoraient que nous étions nord-coréens'
Un ancien agent nord-coréen révèle les mécanismes d'une vaste escroquerie informatique ayant infiltré des entreprises du Fortune 500, destinée à financer le programme nucléaire du régime. Dans une interview exclusive accordée à Fortune via une ONG sud-coréenne, 'M. Kim Ji-min' (un pseudonyme) décrit son expérience en tant que développeur logiciel au sein de ce système organisé par Pyongyang. Ce témoignage rare expose comment la Corée du Nord a exploité l'économie du travail à distance pour contourner les sanctions internationales.
Kim Ji-min a passé plus de dix ans comme travailleur informatique dans ce programme mondial, avant de faire défection en Corée du Sud. Il explique comment des milliers de développeurs nord-coréens utilisent de fausses identités pour décrocher des emplois lucratifs dans des entreprises occidentales, envoyant ensuite jusqu'à 90% de leurs revenus au gouvernement nord-coréen. Selon des estimations de l'ONU, ce système générerait près de 600 millions de dollars annuellement.
Les autorités américaines tirent la sonnette d'alarme. Cette semaine, le procureur du district nord de Géorgie, Theodore S. Hertzberg, a annoncé des poursuites contre quatre travailleurs informatiques nord-coréens. 'Les entreprises doivent vérifier scrupuleusement leurs employés et partenaires', avertit-il, soulignant que des centaines de sociétés ont involontairement embauché des Nord-Coréens ces dernières années.
Kim décrit des méthodes élaborées pour dissimuler son identité, utilisant des plateformes comme LinkedIn et Upwork pour se faire passer pour des clients ou des freelances. 'Nous utilisions des identités réelles d'Américains ou d'Européens', explique-t-il, précisant avoir principalement travaillé sur des sites e-commerce et des applications mobiles pour des entreprises américaines.
La vie de ces travailleurs est strictement contrôlée. Kim devait travailler au moins 10 heures par jour, avec des journées pouvant atteindre 18 heures si les objectifs financiers n'étaient pas atteints. Les familles restées au pays servent de garantie : toute tentative de fuite met en danger non seulement les proches immédiats mais aussi des parents éloignés, selon Bada Nam de l'ONG PSCORE qui a facilité l'interview.
Malgré les risques, Kim a choisi de parler. 'C'est un mélange de joie d'avoir gagné ma liberté et de tristesse d'avoir perdu ma famille', confie-t-il, estimant que des milliers de travailleurs informatiques nord-coréens opèrent encore de la même manière à travers le monde.