Plus de 100 entreprises américaines ont involontairement financé les programmes d'armement de Kim Jong Un en embauchant des travailleurs à distance, selon le DOJ
Le ministère américain de la Justice (DOJ) a révélé que plus de 100 entreprises américaines ont involontairement versé des salaires à des travailleurs nord-coréens, contribuant ainsi au financement des programmes d'armement du régime de Kim Jong Un. Cette annonce fait suite à une vaste opération de répression contre les tentatives de Pyongyang d'infiltrer ses travailleurs dans des entreprises américaines.
Selon le DOJ, les autorités nord-coréennes ont mis en place des « fermes d'ordinateurs portables » où des ordinateurs appartenant à des entreprises américaines étaient connectés à des disques durs accessibles par des travailleurs informatiques nord-coréens. Ces derniers se faisaient passer pour des employés basés aux États-Unis, travaillant à distance pour des sociétés américaines.
Dans une inculpation déposée devant un tribunal fédéral du Massachusetts, les procureurs ont accusé 13 personnes d'avoir trompé plus de 100 entreprises américaines, dont des sociétés du Fortune 500 et un sous-traitant de la défense en Californie ayant accès à des technologies militaires sensibles. Le schéma impliquait le vol d'identités et la création de fausses sociétés pour détourner les salaires vers des comptes contrôlés par la Corée du Nord.
John Eisenberg, procureur général adjoint de la division de la sécurité nationale, a déclaré que ces stratagèmes visaient à contourner les sanctions et à financer les programmes illicites du régime nord-coréen, notamment ses programmes d'armement. Les enquêteurs ont décrit un système élaboré où des identités volées étaient utilisées pour créer des profils fictifs de travailleurs informatiques basés aux États-Unis.
Une fois embauchés, les escrocs demandaient à leurs employeurs d'envoyer des ordinateurs portables à des adresses résidentielles situées dans 16 États américains. Ces adresses abritaient en réalité des « fermes d'ordinateurs » où les appareils étaient connectés à des disques durs accessibles à distance par des travailleurs nord-coréens. Au moins 29 de ces fermes ont été perquisitionnées par les forces de l'ordre.
Parmi les inculpés figure Wang Zhengxing, un citoyen américain accusé d'avoir hébergé une de ces fermes et créé des sociétés écrans pour recevoir les salaires des faux travailleurs. L'argent était ensuite transféré vers des comptes contrôlés par Pyongyang. Wang et huit autres citoyens chinois et taïwanais font face à des accusations, tandis qu'un autre Américain, Kejia Wang, est en fuite.
Dans une inculpation séparée déposée en Géorgie, quatre Nord-Coréens sont accusés d'avoir usurpé l'identité de travailleurs américains et blanchi leurs salaires. Ils sont également soupçonnés d'avoir volé des données et de la cryptomonnaie à leurs employeurs. Un message Telegram cité par le DOJ montre l'un des faux travailleurs niant avec véhémence toute implication dans le vol.
Les autorités américaines alertent depuis des années sur ces fraudes à grande échelle orchestrées par la Corée du Nord pour financer son régime. En mai 2024, une habitante de l'Arizona avait déjà été inculpée pour avoir aidé des Nord-Coréens à trouver du travail dans plus de 300 entreprises américaines. Le FBI et le DOJ estiment que ces escroqueries impliquent des milliers de travailleurs nord-coréens et détournent des millions de dollars vers les programmes d'armement du régime.